Il vit et travaille dans une église dont il est propriétaire
Une « perle » dans la maison du Bon Dieu
On a tous en tête de posséder une maison somptueuse, d’être propriétaire de la maison de ses rêves. Lui, ne rêve pas. Bernard Dubourg a suivi sa voie sans être pour autant impénétrable et en 2007, il a pris possession de l’église du Magny à Montceau-les-Mines.
C’est, prosaïquement, un être charmant, avec son franc parlé, nullement possédé et encore moins un hurluberlu même si, en tant qu’artiste, il a sa façon d’exister et de vivre notamment dans ce qui fut _ et qui en a toujours l’aspect _ une église. Effectivement, ce n’est pas donné à tout le monde mais lui s’en est donné les moyens.
Il découvre son métier devant le poste de télévision
L’église du Magny dont la construction date de 1889 (elle a été achevée en 1899), Bernard Dubourg la connaît depuis toujours. « Je suis né à cinquante mètres, 1 rue de Brest. J’y ai été baptisé, j’y ai fait ma communion, été enfant de chœur, je m’y suis marié, la messe d’enterrement de mon père y a été célébrée» dit-il comme un récitant et non un pénitent. Beaucoup de souvenirs transpirent encore aujourd’hui entre ces murs. Des murs devenus son antre, sa demeure et son atelier.
Dans le bassin minier, Bernard Dubourg n’est pas un inconnu tant sa réputation de souffleur de verre à la canne a dépassé les frontières. Il en mettait plein les yeux au-delà des cieux. Un métier d’art qu’il a appris dès l’âge de treize ans. Cette passion lui sautera à la face en regardant un épisode des « Cinq dernières minutes » avec Raymond Souplex, une série policière télévisée des années 60. Ce soir-là, dans le petit écran, des voleurs brisent un magasin de verrerie et « j’ai dit à ma mère que j’allais refaire tout ce qu’ils avaient brisé ». Il a six ans. «Bon Dieu ! Mais c’est bien sûr ! (la célèbre réplique de l’inspecteur) », le petit Bernard deviendra souffleur de verre.
La facture de gaz devenait trop lourde
A seize ans et demi, il sortait du lycée technique de Moulin avec son CAP avant de partir sur les routes avec sa « canne de pèlerin ». Il connaîtra dix-sept patrons. « Un soir j’étais chez l’un, le lendemain j’étais chez un autre. Le boulot ne manquait pas » souligne-t-il. « C’était une belle époque ». Jusqu’au jour où il décidait de voler de ses propres ailes et s’installait en 1995 à Toulon-sur-Arroux. Le moment était venu de « souffler en verre » et contre tous.
Le 16 septembre 2007 étaient célébrés deux baptêmes en l’église du Magny, puis un mariage et le soir-même, on procédait à la désacralisation du lieu de culte (dépouillement de son caractère sacré). Bernard Dubourg en devenait dès lors le propriétaire. Il était aux anges ! Il y aménagera son appartement, son atelier et poursuivra son activité de souffleur de verre avant de la cesser en 2014. « J’avais un four à gaz qui fonctionnait 24h/24h, la facture devenait trop lourde, sans compter les charges et la clientèle se faisait plus rare » précise-t-il. « Mais je me suis fait plaisir, j’ai évité la démolition de l’église et je suis revenu à mes racines ».
Dieu habite chez lui et il lui parle
Sans parler de chemin de croix, Bernard Dubourg est aujourd’hui de retour et depuis le 1er juin de cette année, l’église du Magny a rouvert ses portes à la clientèle. « Je suis désormais perlier d’art en verre ». Une résurrection en quelque sorte. Il fabrique des bijoux en perles, bracelets, colliers, boucles d’oreilles et est ouvert tous les jours, sauf le vendredi. Parfois, d’anciens paroissiens, voire des curieux, passent encore la porte de l’église, ôtent leur chapeau et font le signe de croix. De l’extérieur, une église reste une église. Pas de quoi perturber Bernard Dubourg. « C’est Dieu qui habite chez moi et pas le contraire » glisse-t-il sans malice. Et, confidence pour confidence, « tous les jours je lui parle (à Dieu). Je lui dis notamment qu’en ce moment, avec tout ce qu’il laisse faire comme horreur, il ne reste pas beaucoup de travail au Diable ». Paroles selon Bernard Dubourg.
L’église est à vendre
Dans trois ans, l’âge de la retraire raisonnera dans la nef à moins que d’ici là, l’église du Magny ne trouve un nouveau propriétaire. Le bâtiment est à vendre, 475 m2 au sol, un appartement de 106 m2 aménagé et 2002 m2 de terrain arboré. Puis direction le Mali pour Bernard-Dubourg-du-Magny où il espère ouvrir une école de souffleur de verre, car il a foi aussi en l’humanitaire avec son association Synergie environnement Bourgogne Sud Mali solidarité. Et si notre homme n’était pas devenu souffleur de verre, aurait-il endossé les habits de prêtre ? « Non, je voulais être jockey ». Les voies de Bernard sont impénétrables.
Jean Bernard
Montceau de Perles, Bernard Dubourg, 70 rue de Lucy, Montceau-les-Mines
Verre@wanadoo.fr
Tel : 06 30 22 84 30 et 03 85 79 46 55