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mercredi 13 septembre 2023 à 06:13

Agriculture 



 

 

Nos ministres en charge du sujet nous promettent des baisses des prix à la consommation, donc un infléchissement de l’inflation ‘ce qui n’est pas directement lié), et une hausse des revenus agricoles. En fait  ce n’est pas si simple et surtout pas le reflet réel du terrain.

L’indice des prix des produits agricoles à la production (IPPAP) mesure l’évolution des prix des produits agricoles à la première mise sur le marché.Les données dont nous disposons se calent sur juin 2023.

Il est à constater en juin 2023, un recul net sur un an (juin 2022/juin2023) des prix des produits agricoles à la production : ‑6,3 % après ‑9,4 % entre mai 2022/2023 et -6.1% entre avril 2022/2023.

Cela ne doit pas masquer que les prix se situent   encore 17,8 % au-dessus du  niveau de juin 2021.

Les céréales, les vins, les animaux, le lait et les œufs conservent des prix supérieurs aux prix de juin 2021. Mais les prix des oléagineux stagnent à des indices dessous du niveau de 2021. Sur un mois, hors fruits et légumes frais, les prix agricoles à la production sont quasi stables (‑0,1 %)

Si en  juin 2023, les prix d’achat des moyens de production baissent de nouveau sur un mois (‑1,0 % après ‑1,5 % en mai et ‑1,4 % en avril) et sur un an (‑4,7 % après ‑1,9 % et +0,7 %), il convient de constater qu’ils restent de  20,5 % plus élevés qu’en juin 2021. Cela compte énormément dans la balance : charges/bénéfices, donc revenus agricoles

Les moyens de production comprennent 2 catégories :

Consommations intermédiaires : dépenses d’énergie, de semences, d’engrais, de produits de protection des cultures, aliments des animaux
Biens d’investissement : matériels,  (tracteurs, moisonneuses, etc.), ouvrages (bâtiments, hydraulique, etc.)

Voyons dans le détail l’évolution des prix à la production

Les prix des céréales rebondissent sur un mois mais baissent très fortement sur un an (‑37,5 % en juin après ‑43,2 %), ils reviennent légèrement au dessus de leur niveau de juin 2021 (+7,8%)

En juin 2023, les prix des céréales évoluent sur un mois +3,4% après des baisses significatives en avril -6,7% et surtout -10% en mai. Ce qui ne s’est en rien traduit dans les rayons pour les consommateurs mais qui a plombé les revenus des agriculteurs.

Ce qui est absurde c’est que les fixations de prix se font en macro économie et que les « marchés » les fixent à l’aune des évènements concernant la guerre d’Ukraine, les sécheresses dans le monde ou aux états unis, comme pour le blé tendre ou le maïs.

Sur un an, les prix des oléagineux diminuent encore de 41,4 % en juin 2023 par rapport à juin 2022 après un recul de ‑49,6 % en mai. Sur 2 ans ils ont perdu 16,0 % sur leur niveau de juin 2021.

Malgré tout les prix des oléagineux sont tirés vers la hausse grâce à l’évolution des cours du colza (+4,2 % en juin après ‑8,4  en avril et  ‑4,7 % en mai. On retrouve là les conséquences  des sécheresses aux États-Unis et au Canada.

Nous parlons ici des prix de production, les baisses ne se répercutent pas dans les rayons des magasins pour le consommateur, les hausses si.

Les légumes frais et les fruits frais poursuivent la hausse de leurs prix sur un an : +16,0 % en juin après +6,6 % en mai pour les légumes frais, sauf le concombre ‑12,2 % en juin  après ‑24,7 % en mai. Contrairement aux BD de Mandrika, le concombre n’est plus masqué. La hausse des prix des carottes et navets frôle la folie +80% en un mois pour celle qui améliore la vue et 60% en un mois pour ceux qui sont synonyme de mauvais film. Salade, courgette, tomates naviguent entre +3,5% et 6,8%. Ça augmente le coût de la salade composée quand même.

 

Les prix des fruits frais sont proches de ceux de juin 2021 +0,8 %.

juin 2023, un coup de chaud sur les prix +12,5 % et après +19,2 % en mai ça fait beaucoup pour le panier de la ménagère. Dans un détail non exhaustif : pêches +3,4 %, fraises +6,1 % après +27,7 % en mai (en mai fait ce qu’il te plait mais nais ne ramène pas de fraise) nectarines +5,0 %, pommes +6,7 % après +12,4 % en mais (c’est cher mais c’est pour ta pomme), abricots +6,4 %. Pour finir refaisons-nous la cerise… ou presque +57,8 % après +10,3 % en mai. N’avalez pas le noyau. Aléas climatiques, manque d’eau, hausse des carburants et de l’énergie, des transports, sont les arguments généralement évoqués pour justifier les augmentations, mais encore une fois les coûts sont plus durs à supporter pour les petites exploitations que pour les grosses unités adossées à des grands groupes.

Les prix des animaux à la production reculent sur deux mois ‑0,4 % en juin après ‑2,0 % en mai. Pas vu sur les étals cette baisse. Malgré tout les prix affichent une hausse sur une année : porcins +26,0 % en juin après +26,3 % en mai, volailles +5,7 % en juin après +12,4 %en mai.

Conclusion : juin 2023, + 32,8 % par rapport au niveau de juin 2021.

S’il y a veau, vache il y a forcément couvée et les prix des œufs et du lait ont reculé sur un mois. L’œuf ‑14,0 % en juin après +2,2 % en mai et +9,2 % en avril, le lait de vache ‑1,6 % en juin, -1,6% en mai, après ‑2,9 % en avril. Attention à l’omelette l’œuf  a vu son prix doubler en deux ans par rapport à juin 2021 +100,2%.

Le lait de vache a pris +24,8% par rapport à juin 2021 même si la hausse de ses prix t, que +3,2 % en juin après +9,9 % en avril et  +5,2 % en mai.

Plus la note est salée plus il faut sucrer ses économies, plus le panier de la ménagère s’allège plus le porte monnaie se vide. Consommateurs et producteurs ont souvent intérêt à privilégier les circuits courts et la vente directe.

Gilles Desnoix

https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/indicateur/p1652/presentation

En août 2023, les prix à la consommation augmentent de 4,8 % sur un an – Informations rapides – 218 | Insee

 

 

 

Voir l'article : Montceau News




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