Violences conjugales
Le téléphone "grand danger" généralisé pour protéger les victimes
Le téléphone « grand danger »
généralisé pour protéger les victimes
En 2013, en France, 121 femmes sont mortes de violences conjugales et 400 000 autres ont été victimes (en 2 ans) de leur conjoint. Le coût annuel de ces violences au sein des couples s’élève à 2,5 milliards d’euros. Par ailleurs, 154 000 femmes de 18 à 75 ans se déclarent victimes de viols entre 2010 et 2011. Et le pire est que moins d’une victime de viol sur dix a déclaré avoir contacté un numéro vert ou une association d’aide aux victimes.
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Et c’est bien ce qui fait la force de ces personnes qui n’ont d’autre manière de dialoguer que d’utiliser leurs poings, leurs pieds, ou une arme blanche. Plus près de nous, en Saône-et-Loire, un grand nombre d’interventions des policiers (environ 1250 interventions par an) ou des gendarmes sont liées à des violences intrafamiliales. A noter qu’en zones rurales, les problèmes de violences conjugales sont plus largement cachés.
Toujours dans notre département, la police nationale a enregistré 230 faits de ces violences conjugales pour la seule année 2013 (contre 570 en 2012). Une baisse de 3,27 % certes, mais pas encore assez basse pour diminuer ce fléau.
Ces violences sont en général associées à l’alcool ou à la consommation de stupéfiants. Et si dans 90% des cas, les victimes sont des femmes, on recense toutefois 10% des cas où les victimes sont des hommes. Mais comme le précise Nathalie Bonnot, la déléguée départementale aux droits des femmes et l’égalité, très impliquée dans cette lutte, « les hommes et les femmes n’ont pas la même manière d’appréhender les choses. Un homme va plus facilement taper pour régler le problème ».
Les faits sont principalement concentrés dans les centres villes et les quartiers à forte proportion de logements sociaux. Ainsi, à Chalon-sur-Saône, le quartier des Prés Saint-Jean concentre 25% des cas de violences conjugales. A Montceau, ce sont les quartiers des rives du Plessis et la périphérie du Bois-du-Verne qui se détachent. Par contre, au Creusot, la répartition des faits est moins significative…
De fait, les acteurs de la prévention (travailleurs sociaux, médecins, directeurs d’école, avocats, psychologues etc…) sont amenés à agir de façon coordonnée pour repérer et accompagner les victimes. Mais le repérage de ces situations de violences intrafamiliales est particulièrement difficile, justement parce que 90% des faits sont commis au sein du domicile familial et ce, toutes catégories sociales confondues.
Jugeons de l’ampleur du phénomène sur le département : la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) du Conseil Général de Saône-et-Loire a enregistré 2142 informations relatives à 1910 enfants. Du côté de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) la moitié des mesures d’investigations judiciaires éducatives que réalise le service territorial éducatif de milieu ouvert et d’insertion (STEMOI) concerne les conflits familiaux.
Quant au centre d’information des droits des femmes et des familles (CIDFF 71), il a suivi en 2013, 138 victimes de violences conjugales (pas forcément suivies en termes d’accompagnement).
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Pour sa part, l’association de médiation et d’aide aux victimes d’infractions pénales (AMAVIP) a proposé, en 2013, à 246 victimes de violences conjugales une prise en charge globale, juridique et psychologique.
Reconnaissons-le : il en faut du courage pour avouer qu’on subit les coups de son conjoint ! Victimes ou témoins, un numéro est à votre disposition. Il s’agit du 3919 qui est un numéro d’écoute anonyme, gratuit depuis un poste fixe, ouvert 7 jours sur 7, de 8h à 22h.
D’autre part, il faut savoir qu’il existe un service d’accueil de jour, le CHRS l’Ecluse PEP 71, crée en 2012, qui vient compléter la ligne d’écoute départementale « Stop violence ». Ces dispositifs, qui utilisent la même ligne téléphonique, accueillent des femmes souhaitant parler de leur situation et évaluer les risques encourus. Un premier entretien téléphonique permet de mesurer l’urgence, la dangerosité et d’établir un diagnostic, afin de proposer une orientation, une écoute et des conseils adaptés ces situations d’urgence. En 2013, ce ne sont pas moins de 94 entretiens téléphoniques qui ont eu lieu sur la ligne « Stop violence » et 310 appels concernant l’accueil de jour. Au final, 63 situations ont donné lieu à une préparation et une organisation du départ du domicile conjugal.
Comme le livre Nathalie Bonnot « il existe 10 appartements d’urgence en Côte d’Or qui accueillent les victimes, 3 sur la Nièvre, 3 dans l’Yonne et…58 en Saône-et-Loire. Les victimes peuvent y rester une nuit ou deux ».
Mais heureusement pour ces « femmes battues », des mesures sont prises dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux femmes. Ainsi, 60 millions d’euros vont être attribués à cette cause dans les trois prochaines années. Soit carrément un doublement du budget actuel. On prévoit également 1650 nouvelles solutions d’hébergement d’urgence et 350 intervenants sociaux en commissariat et en brigades d’ici 2017.
Et comme on le sait, les violences subies par les femmes ne se résument pas à des coups. Sur 10.000 plaintes pour viols déposées par an, seules 1.400 débouchent sur une condamnation. Afin de prendre en charge plus rapidement les victimes et faire aboutir les plaintes, un kit de constatation en urgence des viols sera expérimenté dans plusieurs services d’accueil des hôpitaux. Il permettra notamment d’effectuer des prélèvements immédiatement après l’agression afin de constituer le dossier juridique.
Enfin, ne perdons pas de vue qu’en France, une femme meurt tous les quatre jours sous les coups de son conjoint ! Afin de venir en aide aux femmes en très grand danger, des portables d’urgence vont être mis à leur disposition. Il s’agit d’un dispositif de télé protection. « En cas d’agression imminente, les victimes peuvent ainsi alerter les forces de sécurité très rapidement » dit la déléguée départementale, Nathalie Bonnot.
Expérimenté dans 13 départements (à ce jour 157 téléphones ont été déployés sur le territoire national et 304 personnes en ont bénéficié), ce dispositif a prouvé son efficacité.
Mme Bonnot précise : accordé par le procureur de la République après évaluation du danger encouru par les femmes battues, ce téléphone d’urgence a déjà permis de sauver des vies. Mais pas que : il a permis également d’interpeller et de sanctionner les auteurs de ces violences conjugales.
Autour de ce dispositif, on trouve aussi une mobilisation de l’Etat, des associations et des collectivités territoriales. « C’est parce qu’elle est protégée et soutenue que la victime peut sortir du cycle de la violence et reprendre confiance en elle », dit Nathalie Bonnot. Ajoutant : « nous avions déjà deux téléphones de très grande urgence sur le département, mais nous en compterons bientôt cinq ». Et la mise en place se fera vraisemblablement au premier trimestre de l’année prochaine.
Selon certains spécialistes, les femmes risquent plus d’être tuées par l’homme avec qui elles vivent que par toutes les sortes de criminels réunis. De plus, la violence domestique peut avoir de graves conséquences sur les enfants. Alors, protégeons-les et n’hésitons pas à demander de l’aide ! Outre les numéros d’urgence, celui de Nathalie Bonnot vous est ouvert pour plus d’informations. Il s’agit du 03 85 21 67 40.
Pour Montceau, Nathalie Bonnot travaille en partenariat avec la municipalité. D’ailleurs, les 15 et 16 septembre prochains, une formation aura lieu dans des locaux de la ville, avec des acteurs sociaux du Creusot, d’Autun et bien évidemment de Montceau.
Enfin, témoins de violences conjugales, n’hésitez pas à signaler ces faits. Il y va peut-être de la vie de femmes et d’enfants ! Il s’agit tout simplement de notre devoir de citoyen…