Autres journaux :

jeudi 6 septembre 2012 à 23:34

Ferme de Jalogny

Le préfet de région en visite



Un problème technique explique le retard de la mise en ligne de ce compte rendu. Un retard bien involontaire que nos lecteurs voudront bien nous pardonner.

 

Arrivé du Finistère il y a neuf mois, M. Pascal Mailhos, préfet de région, a pris le parti de faire chaque mois des visites d’entreprises et de s’entretenir avec des chefs d’entreprises et des responsables professionnels des départements bourguignons. Mardi, il est venu à la ferme expérimentale de Jalogny. Les éleveurs lui ont présenté l’établissement et des viticulteurs lui ont fait part de graves problèmes : la vigne bourguignonne est menacée par des maladies… Plus d’un quart des viticulteurs sont au bord de la cessation d’activité !

 

 

 

 

 

La ferme expérimentale de Jalogny, pilotée par la Chambre d’Agriculture, est devenue au fil du temps une institution de grande renommée. Elle marie d’une part, une exploitation agricole de 200 hectares spécialisée en élevage où l’on fait un travail de recherche et d’expérimentation, et d’autre part, une structure de formation qui diffuse les résultats de ces recherches.

Outre une salle de conférence et deux salles de réunions, cette ferme expérimentale dispose d’une salle de restauration où l’on organise des repas de promotion de la viande charolaise. Des soirées très sympathiques et très pédagogiques s’y déroulent où un animateur fait goûter divers morceaux de viande aux participants et fait leur éducation bouchère, gustative et culinaire. 

 

 

Essais avec une céréale tropicale : le sorgho

 

 

Le directeur actuel du site, M. Julien Renon, donne à M. Mailhos un aperçu des travaux actuellement menés qui portent notamment :

– sur l’étude comparée des systèmes d’élevage basés sur le cycle naturel de pousse de l’herbe.

– sur la mise au point de techniques permettant de simplifier la distribution de l’alimentation hivernale à l’étable et d’en réduire la fréquence (non plus de façon quotidienne mais une fois par semaine seulement).

– sur les céréales données en complément de l’alimentation à l’herbe : maïs ou sorgho ? Derrière cette question, se profile toute une réflexion sur l’adaptation de l’élevage charolais aux changements climatiques. Des variétés de sorgho (plante tropicale) adaptées à nos latitudes sont désormais cultivées sur la ferme de Jalogny. Le Sorgho demande bien moins d’eau que le maïs et, avec le réchauffement climatique, il pourrait être prudent d’y avoir recours à l’avenir. Mais la variété essayée à Jalogny ne tient pas très bien au vent et les pieds versent trop facilement, ce qui rend parfois les récoltes difficiles. Autre petit bémol : les vaches qui en consomment, bousent plus et se salissent davantage ce qui peut être pénalisant lors de leur envoi à l’abattoir.

La ferme expérimentale diffuse les résultats de ses travaux auprès des professionnels, par le biais de portes ouvertes organisées au niveau national, régional et local, de fiches de vulgarisation, de dossiers techniques, d’articles dans la presse professionnelle, de sessions de formation pour les techniciens d’élevage et de séminaires d’information. Jeudi 13 septembre par exemple, aura lieu une journée axée sur les marchés à l’export émergents : « Quels mâles pour quels marchés ? « …

 

 

L’importance du maintien des petits abattoirs

 

 

MM. Jean-Luc Desbrosses, éleveur à Neuvy-Grandchamp et Yves Bonnot, de Poisson, président de la FDSEA, ont tous deux souligné que, depuis le début de l’année, la profession s’est engagée dans une grande réflexion sur son avenir. Les agriculteurs sont conscients qu’ils ne peuvent développer leurs activités qu’avec des chefs d’entreprises bien formés, capables de s’adapter à ce que veut la société de demain.

 » Il nous faut travailler à informer davantage la population, déclara Jean-Luc Desbrosses. Il nous faut engager le dialogue avec les autres ruraux pour lever certaines incohérences qui bloquent toute évolution. Par exemple, les gens veulent bien manger du jambon, mais ils ne veulent pas d’élevages de porcs ou de volailles dans la région, près de chez eux.

Pourtant, les industriels ayant mis en place des outils d’abattage de volailles dans la région, manquent d’apports. Ils cherchent des élevages pour les faire tourner. Ils nous disent que, bientôt, ils n’auront pas d’autre solution que de délocaliser leur activité. « 

Yves Bonnot renchérit :  » Idem pour les petits abattoirs de bovins. Il faut nous aider à les maintenir, dit-il au préfet. Celui de Louhans vient malheureusement de fermer. Personne n’a voulu investir pour le maintenir. Il n’en reste que trois dans le département : Autun (en difficulté), Mâcon et Paray. Ils sont indispensables au développement des circuits courts et de productions de qualité.  » 

 

 

 

 

 

 

Génétique : vente de reproducteurs

 

 

À côté de ces expérimentations, 90 jeunes reproducteurs charolais repérés dans les fermes sont élevés pendant six mois dans des conditions rigoureusement identiques et suivis pour voir comment ils se développent (prise de poids, conformation, aplombs). Puis, les résultats des tests obtenus, les 70 meilleurs sont mis en vente ce qui permet de proposer aux éleveurs des reproducteurs sélectionnés. Pour chacun d’eux, une fiche présente leurs performances ainsi que celles de leurs ascendants.

L’an dernier 500 acheteurs sont venus à cette vente de reproducteurs et le prix moyen des ventes a tourné autour de 2900 €.

 

 

Projet de méthanisation des fumiers

 

 

M. Dominique Vaizand, agriculteur de St Germain-en-Brionnais, qui s’investit dans le fonctionnement de Jalogny, expose au préfet un projet de station de méthanisation en collaboration avec la commune de Cluny. La ferme fournirait des fumiers et la commune, des déchets verts, des rebuts de restaurants, etc. Cette station couplée à une chaufferie au bois permettrait de produire à la fois chaleur et électricité. Lancé depuis quatre ans, ce projet avance lentement. L’élaboration des statuts de la société porteuse est en cours. Il faudra qu’elle soit d’emblée économiquement viable. La mise en service est prévue pour fin 2013 / début 2014.

Dominique Vaizand explique :  » Nous tenons à garder la direction de cette unité car elle servirait de station pilote et c’est sur ses résultats que l’on s’appuierait pour vulgariser la méthanisation dans les exploitations du département. « 

MM. Jean-François Ravault et Yves Bonnot soulignent pour leur part que les autres énergies renouvelables intéressent aussi les agriculteurs qui ont de grands toits et sont prêts à y installer des panneaux solaires et photovoltaïques pour aller vers l’autonomie énergétique des exploitations. Mais les pouvoirs publics n’ont pas maintenu le régime fiscal avantageux qu’ils avaient mis en place il y a quatre ou cinq ans, régime qui assurait un retour sur investissement assez court (8 ans). Ce changement dans la réglementation et cette inconstance du monde politique a porté un coup d’arrêt aux installations et mis toute la filière photovoltaïque en difficulté.

Également dans l’air du temps : la relance de l’exploitation du bois des haies que l’on avait abandonnée.

 

 

Le vignoble bourguignon en danger

 

 

M. Robert martin, quant à lui, évoque les difficultés de la viticulture bourguignonne qui cumule des problèmes démographiques, économiques et sanitaires :  » La récolte qui s’annonce, dit-il, sera caractérisée par de très faibles volumes, ce qui aggravera la crise que nous vivons depuis plusieurs années. En Beaujolais, la moitié des exploitations viticoles ont disparu en 10 ans et de plus en plus de vignes libérées par ceux qui arrêtent leur activité, ne trouvent pas preneur et restent à l’abandon.

Dans le reste de la Bourgogne, nous sommes aux prises avec des problèmes sanitaires. On a vu ressurgir un important foyer de flavescente dorée à Plottes et nous avons allons probablement vers des arrachages pour préserver le reste du vignoble.

Autre fléau : l’esca, une maladie du bois de vigne causée par des champignons. Nous n’avions qu’un seul produit phytosanitaire pour lutter contre cette maladie. Mais il a été récemment interdit et retiré du marché. Résultat : chaque année, environ 7 % du vignoble est détruit que nous devons remplacer. Le dommage financier s’élève à plus de 13 M€ pour la Bourgogne. Jusqu’à quand la viticulture bourguignonne tiendra-t-elle le coup ? Aujourd’hui, 27 % des viticulteurs de la région sont au bord de la cessation d’activité.

 Un long travail de recherche de 40 ans, mené par l’INRA de Colmar, avait permis de mettre au point des plants de vignes OGM résistants à cette maladie. Mais ils ont été détruits en toute impunité par des militants anti OGM. C’est révoltant ! Toute une profession est aujourd’hui complètement démunie et subit de graves conséquences financières du fait de cette destruction et du non remplacement du produit interdit.

J’insiste : nous sommes dans une situation très grave. Le vignoble se meurt. » 

 

 

 

 

 

 

 

 



Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.


» Se connecter / S'enregistrer