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lundi 29 septembre 2014 à 08:54

« Le bleuet international » (Poésie)

Découvrez deux des oeuvres récompensées !



Le concours de poésie « Le bleuet international » avait lieu à  à Essars le 21 septembre 2014 et était présidé par Maria Torrelli.

 

Un lecteur nous a transmis quelques images de la cérémonie et surtout des textes récompensés dans les différentes catégories de ce concours littéraire.

 

« La rencontre » ( nouvelle ) mention très honorable du jury- médaille d’or 2014

 

 « 500 vers » (recueil de sonnets)- littérature néo-classique- 2ème prix du jury néo-classique avec félicitations du jury- médaille d’or

 

 « Andine aria » ( poésie libre libérée) 2ème prix du jury

 

« L’eau » (prose poétique) mention honorable du jury- médaille d’or 2014

 

« Un petit mot » (poésie libre) 1er prix du jury- médaille d’or 2014

 

 Et pour l’ensemble de ma participation- lauréat écrivain poète prix d’honneur littéraire 2014 : en l’occurrennce Guy MEZERY

 

Retrouvez sous les photos le poème  « Andine aria »

 

et la nouvelle « La rencontre »

 

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Libre Libérée

 

« Andine aria, »

 

Pour fuir la tyrannie d’Augusto Pinochet,
Ils ont meurtri leurs chairs aux crocs des barbelés.
Les tympans éclatés au bruit de la mitraille,
Antofagasta fut leur ultime bataille.
Sendero muletier, chemin de contrebande,
Soudaines avalanches, tempêtes démentielles,
À pied ils ont franchi la montagne des Andes.
Tandis qu’un froid mordant dévorait les phalanges,
Imperceptiblement, au creux de leurs oreilles,
Cristalline a teinté la musique des anges.
Plus belle que le chant grégorien des curés,
Plus forte que le cri d’un enfant torturé,
Dans sa flûte de pan, le vent des Cordillères
Adressait aux Chiliens une aria libertaire.

Leurs pas les ont conduits jusqu’à l’Altiplano
Où l’odyssée prit fin hospice d’Oruro. 
Les juges de La Paz ont appliqué l’accord
D’échange entre pays d’opposants terroristes
En signant le retour, au pays des condors,
De quelques exilés supposés communistes.
Ils s’enfuirent aussitôt en forêt brésilienne,
Pour éviter le joug des prisons boliviennes.
Aujourd’hui, au soir de leurs vies, trop loin des Andes,
Lorsque descend la nuit sur les vertes futaies,
Ils goûtent la quiétude près de Campo Grande.
La brise vespérale, à leurs tympans crevés,
Sifflote doucement l’aria des Cordillères,
Invitant le Chili à l’ère libertaire,

 

 

La rencontre.

 

 

« Douze ans, treize peut-être, comme un petit animal sauvage prisonnier de sa cage, j’attends impatiemment chaque jeudi de chaque semaine pour courir à travers la campagne, avec un seul souci; m’enivrer de liberté.

 

Sur les bancs de l’école, envoûté par le chant de sirène de ma jeune institutrice, vautré sur mon pupitre, je rêve en suçotant mon crayon. Depuis peu, un employé municipal a changé les vieux tableaux noirs sur chevalets par d’immenses tableaux blancs modernes très réfléchissants. Avec l’éclairage au néon, ils brillent tellement que les élèves du premier au dernier rang n’y voient goutte. Très tôt dans la matinée, mes yeux refusent l’effort demandé pour décrypter les hiéroglyphes multicolores qui s’inscrivent en couleurs d’aquarelles. Si mon regard est bien fixé sur le tableau, entre mes yeux et les écritures il y a comme un filtre qui transforme la réalité troublée de l’image éblouissante en d’autres images parfaitement nettes des films d’aventures fantastiques que je me projette. Je suis tellement concentré sur les scénarios que créé mon imagination débordante que je finis par éclater le crayon de bois détrempé que je mâchouillais en échardes acérées. Je crachote discrètement sous ma manche ces dégats collatéraux avant de reprendre agacé le fil de l’histoire commencée un peu plus tôt. Dois-je avouer que j’y parviens très facilement ? Pour le cancre avéré que je suis, tout est bon pour ne pas fatiguer mes neurones à des travaux scolaires subalternes mais rien n’est trop excitant pour exalter mon imagination cinématographique.

 

. À l’instant présent, les participes passés ne font que passer et je vois très clairement un agent de la circulation, au milieu du carrefour, dresser son bâton blanc et inviter les participes à traverser : « Passez les participes, passez »…Plus tard, les trains eux aussi passent et se dépassent et moi je déraille. C’est affreux ! Sur le tableau, ma locomotive vient de franchir le parapet d’un pont. Elle pendouille lamentablement au-dessus du vide et je me vois terrorisé dans le poste de pilotage à attendre qu’elle se détache des wagons demeurés sur la voie pour une chute interminable au fond du ravin. Et les fuites de robinets qui, faute de plombiers compétents, prennent l’ampleur d’un tsunami dévastateur emportant tout sur son passage. Le visage de ma maîtresse, crispé par la terreur, dépasse au gré des flots, ballottée au sommet de la vague, elle se débat pour rester à la surface, elle crie, elle hurle, elle m’appelle et finit par me sortir de cet horrible cauchemar. Il lui est inconcevable de poser un quelconque problème d’arithmétique à l’âne bâté le plus indécrottable qu’elle ait connu, « Combien Perrette doit vendre d’œufs au prix unitaire de trente centimes pour acheter une poule de trente francs qui pondra trois cent œufs par an qui »…..Patatras ! Perrette vient de tomber, tous les œufs sont cassés, il n’y a plus de problème, il n’y a plus que Perrette que je vois sur l’écran. Si l’institutrice me le demande, je suis capable de la décrire. Elle pleure, assise dans l’herbe, devant son panier renversé. Elle porte une jupe de gros tissu écossais, des bottines de cuir blond, un corsage brodé de fleurs printanières et se protège la tête d’un grand foulard coloré dont elle croise les pointes par devant sa poitrine. Mais là n’est pas la question !

 

Je n’aime pas l’école et elle me le rend bien. Sur l’écran blanc géant, mes folles rêveries, comme en cinémascope, prennent vie dans les plus beaux décors que la nature ait engendrés. De travelling en plans serrés, je deviens le héros d’insensés scénarios. Pourtant, il est dans mes délires un film récurrent. Une histoire qui se répète encore et toujours. Je caracole sur un fier destrier, parcourant les terres de mon domaine, lorsque je rencontre une gente damoiselle qui s’en reviens de vêpres avec son chaperon. Sous sa vaste houppelande, son visage à nul autre pareil, encadré de fines bouclettes blondes, s’éclaire d’un sourire à corrompre tous les saints de la terre. Doux Jésus ce qu’elle est belle ! A chaque fois, saisi par cette apparition miraculeuse, j’arrête ma monture, je saute à terre et je m’approche de cette divine personne avec le désir brûlant de lui dire mon admiration pour sa singulière beauté. J’aspire tant à la connaître, à devenir son ami peut-être même son confident. Je suis mû par des élans que je ne puis maîtriser. C’est un maelström fougueux qui m’emporte sans réfléchir, mes transports bafouent la retenue qui serait de mise devant sa fragilité. À ses pieds, minable cancre grotesque je prends conscience de ma hardiesse. Confus je ne sais que bafouiller lamentablement, rougir comme une rosière et me prendre les pieds dans les racines pour finalement choir lourdement à ses pieds. Alors elle éclate d’un rire cristallin propre à rendre jaloux le plus talentueux des rossignols. De sa part, ce n’est pas moquerie mais juste un amusement déclenché par l’inattendu de ma situation. Heureusement la voix de l’institutrice me sort de ce mauvais pas et je me retrouve brutalement confronté à des histoires de clôtures constituées de piquets d’acacia tous les trois mètres et de deux rangs de fil de fer barbelé que le fermier de service a du mal à estimer. J’ai moi aussi, beaucoup de mal a estimer le nombre de rouleaux de barbelés ou encore de cavaliers pour les fixer aux poteaux, d’autant plus que je me moque éperdument des problèmes économiques du monde rural. En cet instant, je ne désire qu’une chose: retrouver mes rêves, retrouver le confort de l’esprit dans lequel je me vautre avec délices. Devant mon incurie, totalement épuisée par la recherche systématique d’un déclencheur d’intérêt, l’institutrice rend les armes et me délaisse au profit d’élèves plus éveillés. Heureux et libéré, je retourne satisfait dans ma bulle ludique jusqu’à la fin des classes, renouvelant chaque jour avec application une démarche bien rodée.

 

Le jeudi tant attendu est là. Dehors un chaud soleil de printemps s’ingénie à glisser ses rayons lumineux à travers les volets. Alors que dans ma chambre tout est clos, je sens le capiteux parfum des glycines qui s’évapore avec la rosée du matin. Les pinsons s’époumonent de toitures en jardins, à croire qu’ils veulent élire le pinson le plus gai. Je m’étire une dernière fois, goûtant les délices de ma couche douillette puis, je saute hors du lit et cours, nus pieds, sur le carrelage jusqu’à la cuisine où m’attend, tout chaud, mon petit déjeuner. C’est une bien belle journée qui se prépare. Après les quelques inévitables corvées dévolues aux enfants dans une maison campagnarde: nourrir les lapins et les volailles, tirer quelques seaux d’eau au puits, rentrer du bois pour la cuisinière, je vais disposer de tout le reste d’un jour pour m’échapper en pleine nature.

 

J’avance maintenant à travers bois après avoir quitté le chemin de ferme. La chaleur qui commençait à m’oppresser à découvert devient supportable sous les frondaisons. Peu à peu je quitte les allées principales pour emprunter des sentiers tout juste marqués des passages de l’année précédente. Un tapis de feuilles mortes se froisse de mes pas et bruit comme du papier séché. La nature n’aime pas être dérangée non plus, je veille à demeurer le moins agressif possible. J’ai appris à la respecter et je fais partie de ceux qui pensent qu’une fleur est plus belle dans son milieu naturel que dans un vase, qu’un oiseau chante mieux en liberté qu’en cage et que tous les bruits engendrés par l’homme sont incongrus dans la nature. Cette attitude me donne le privilège de partager, avec les seuls initiés, des moments d’intense émotion. Pendant des heures, immobile, j’ai suivi le manège d’un couple de grives qui bâtissaient son nid. Je les ai vus s’accoupler, nourrir les petits, attirer par des attitudes d’oiseau blessé le chat sauvage loin des oisillons. J’ai vu des hordes de sanglier défiler comme à la parade à quelques pas devant moi. Ils avançaient, turbulents, le groin planté dans le sol spongieux à la recherche des glands tandis que les marcassins en pyjama rayé se poursuivaient en couinant jusqu’à ce qu’une laie grincheuse intime le respect par quelques coups de boutoir qui les soulevaient de terre. J’ai vu un jeune faon à peine solide sur ses pattes frêles venir téter sa mère qui, brutalement le repoussa dans un fourré à la découverte de mon odeur avant de s’enfuir en quelques bonds. Je me suis approché et j’ai fini par découvrir dans le camouflage naturel des feuilles mortes le petit animal, du lait encore au coin de la bouche, tremblant de tous ses membres, l’œil démesurément ouvert. À chaque fois, c’est une émotion intense qui m’étreint. J’ai l’impression de faire partie de ce monde de la nature, j’y ai ma place et je m’y sent tellement bien. Tout en cheminant, ces quelques souvenirs de moments de bonheur occupent si fort mon esprit que je perds la notion du temps et des lieux. Qu’importe que je sois dans les bois des Minimes ou la forêt des Perdriats, qu’importe que ce soit le soir ou le matin. Mon sang bat dans ma tempe, mon cœur bat dans ma poitrine et mes pas battent le sol. Je vis, je suis, j’existe alors que le céans posé sur un banc de bois derrière un pupitre, coincé entre d’autres pupitres, prisonnier de l’espace et du temps, à l’école, je m’étiole. À cette seule évocation, une colère sourde monte en moi et je dois reprendre ma respiration pour me calmer et chasser les larmes qui me montent au yeux.

 

Alors que j’arrive dans une clairière égayée de quelques sapins nains, je suis surpris par la présence d’une jeune fille si diaphane, que mes yeux embués ne l’avaient pas discernée dans le puits de lumière. Que fait donc ici, au beau milieu des bois cette jeune enfant aux cheveux blonds, revêtue d’une vaste houppelande ? Il ne fait aucun doute qu’elle n’est pas plus âgée que moi. Je reste coi, planté à quelques pas puis finalement je m’avance. Nous nous saluons en optant pour une poignée de main cérémonieuse et nous échangeons nos prénoms. Si je suis de la région, elle en est très éloignée. Elle est genevoise et n’est ici qu’à la faveur de vacances scolaires dont les dates sont décalées par rapport aux nôtres. Elle réside chez une grand-mère dont je connais le nom, à la lisière opposée de la forêt, mais je n’ai jamais été aussi loin dans mes escapades. Comme les enfants de notre âge, nous faisons rapidement plus ample connaissance et échangeons nos noms et adresses. Notre temps est compté car samedi, ses parents viennent la rechercher pour reprendre l’école en Suisse, donc, nous ne nous reverrons pas avant ses prochaines vacances dans trois mois. Si je lui dis mon manque d’intérêt pour l’école et ma passion pour la nature, elle me dit sa passion pour les études et son peu de goût pour la campagne. Elle lit beaucoup et m’étonne en me déclarant que son livre de chevet n’est rien d’autre que les prophéties de Nostradamus dont je n’ai jamais entendu parler. Et la voilà qui se met à débiter d’une voix monocorde des dizaines de quatrains dans la langue du célèbre apothicaire. Quelle mémoire ! Je suis estomaqué et je vais l’être encore plus quand, elle me dit qu’à l’égal de son maître à penser, elle est elle-même douée de dons divinatoires. Ebloui, émerveillé, je la laisse prendre mes mains, j’accepte qu’elle plonge son regard dans le mien et je suis troublé par ses yeux quelque peu voilés qui me fouillent froidement comme s’ils lisaient une ordonnance. Pendant qu’elle se concentre sur mon sujet, je ne peux m’empêcher de songer à la gente damoiselle de mes délires sur tableau blanc . C’est elle, il n’y a pas de doute possible, elle lui ressemble comme deux fées se ressemblent, elle parle de cette même voix suave et enchanteresse. Je suis en train de vivre mon rêve tout éveillé, mais soudain, une voix d’outre tombe sort de sa bouche et me parle en latin. L’arc de mes sourcils est plus explicite que n’importe quelle question. Elle se reprend et cette fois c’est en bon français qu’elle me prédit mon avenir. J’écoute abasourdi la longue litanie de mes futurs exploits, de mes joies à venir, de mes peines aussi. Parmi tous ces quatrains qu’elle débite, il en est beaucoup auxquels je ne comprends rien. Elle me parle de familles, d’enfants, de travail en des termes inexistants de mon vocabulaire. Elle me place dans un monde à venir qui ne correspond en rien à mes aspirations d’aujourd’hui. Du béton, du métal, beaucoup de métal, du papier, trop de papiers, des ondes, des fluides et du monde beaucoup trop de monde autour de moi. Elle m’inquiète un peu, elle n’est plus avec moi, elle est dans son délire, je lui parle, elle ne m’entend pas. Je dois insister pour qu’enfin elle cesse car nous devons rentrer. Le soleil est déjà très bas derrière les arbres lorsque nous nous séparons. Une dernière fois je me retourne sur sa silhouette qui disparaît derrière les feuillus. Je me fustige de m’être laissé prendre au piège d’une fille bavarde qui a prit plaisir à s’écouter en me racontant des balivernes car, que puis-je retenir de cette cacophonie. L’ombre qui tombe peu à peu dans le sous-bois ajoute à mon angoisse naissante. Je me morigène pour ne pas céder à la peur et c’est avec un soupir de soulagement que j’aperçois la cheminée de notre maison .

 

Je n’ai jamais cherché à la revoir. Cette rencontre improbable m’avait fortement marqué. J’avais eu un peu peur, je l’avoue. Sur le tableau mural jusqu’à la fin de ma scolarité, mon rêve de preux chevalier sur son fier destrier n’est jamais revenu. Je l’ai oubliée et je suis parti vivre ma vie loin de mon pays natal. Mais, lorsque au fil des événements qui ont marqué mon existence j’ai constaté, au coup par coup, qu’un sentiment de déjà vu se répétait systématiquement, j’en suis venu à faire le rapprochement avec les prédictions de ma jeune suissesse. Plus je réfléchissais à ce rapport entre vécu et prophéties, plus j’étais convaincu qu’elle avait prévu juste. C’était tout simplement effarant. Dix ans, vingt ans plus tard, les choses s’éclairaient, les mots incompréhensibles prenaient un sens et devenaient parfaitement adaptés à chaque situation. L’ordinateur n’existait pas dans son langage mais elle m’avait prédit que je serai dompteur des puces de Pascaline. Le Concorde n’avait pas encore volé à deux fois la vitesse du son mais elle disait que je construirais un oiseau de feu tellement rapide qu’il remonterait le temps. Le mot éolienne n’était pas créé mais elle m’avait clairement dit que le dieu des vents m’apporterait la lumière. Elle avait dit aussi que je survivrais au naufrage d’un géant des mers et que les feux de Vulcain n’exploseraient qu’après mon départ d’Halicarnasse. Tout cela a prit un sens car j’ai travaillé dans l’informatique, j’ai participé, à mon niveau, à la fantastique aventure du «concorde », au fond de mon terrain une petite éolienne privée alimente ma maison en courant électrique, j’étais à bord du ferry Herald of free- Entreprise qui a chaviré en 1987 entre Douvres et Zeebruge et la terre a fortement tremblé en Turquie dans la région de Bodrum le lendemain de mon retour pour la France et tant d’autres choses encore.

 

Il y avait tout de même de quoi surprendre et se poser des questions. Alors que je passais quelques jours de congé bien mérités dans ma famille, j’en ai profité pour interroger mon entourage sur cette fille. C’est ma mère qui m’apprit qu’elle était fille unique d’un couple de médecins en renom à Genève et qu’elle était atteinte d’une maladie orpheline susceptible d’exacerber certaines de ses capacités cognitives. Très prudente elle me répéta les propos du papa docteur alors qu’elle se trouvait incidemment en même temps que lui chez le pharmacien du village. « C’est une forme de trisomie rarissime indécelable à l’examen clinique qui ne laisse guère espérer une durée de vie au-delà d’une vingtaine d’années ». Effectivement, ma prophétesse était morte quelques années après notre rencontre. Renseignements pris auprès des spécialistes de la faculté de médecine et en l’état actuel des connaissances rien ne permettait de faire un lien entre l’état de la jeune fille et ses prédictions. Je reste sur ma faim et j’avoue garder une certaine prudence chaque fois que je suis amené à prendre une décision, car tout ce qu’elle m’avait prédit, en termes abscons, à l’époque, s’est singulièrement éclairé depuis. En faisant travailler ma mémoire, je revis cette rencontre. J’arrive à me retrouver en face d’elle dans la clairière et j’entends les quatrains se dérouler, sans liens cohérents, les uns après les autres. Je retrouve tous ceux dont le sens m’a été donné par la vie. Après, ceux dont je n’ai pas encore décrypté le sens sont ceux qui correspondent, probablement, à ce qui me reste à parcourir. Jusqu’à maintenant, comblé par l’existence, et sachant que la musique des prochains quatrains est la même que celle des précédents, je ne devrais pas craindre la fin du parcours. D’ailleurs, sauf si ma mémoire défaille, ce qui à mon âge arrive fréquemment, le prochain quatrain dit :

 

« Descendue de l’Olympe, la muse Calliope, 
Posera sur ton front les lauriers de la gloire. 
Tandis que les édiles sur leurs magnétoscopes 
Fixeront pour toujours une très belle histoire».

Je me demande ce que cela peut bien signifier ? J’ai hâte de vivre cet épisode. »

 

 

 



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