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lundi 19 juin 2023 à 12:31

Un artiste, un homme, une œuvre, une vie



 

 

Comme une évidence… voila comment Alain Michaud explique son parcours artistique

 Et pourtant, fils de mineur mort jeune au fond, peu déterminé par son appartenance au monde ouvrier , Alain Michaud a su très tôt qu’un jour il serait peintre. Voila, tout simplement… l’évidence, le fil rouge, l’itinéraire à suivre.

Et il fut, il est et sera toujours un artiste.

Pourquoi ? La question se pose forcément quelque part. Sauf que ce qui est réellement intéressant se situe dans la réponse.

D’abord un père qui dessinait tout le temps, disparu lorsqu’Alain effectuait son service militaire. Un père évoqué par l’écriture et la peinture dans un ouvrage émouvant et de belle facture « Je me souviens des cicatrices bleues sur le corps de mon père » A l’époque nous avions oser écrire, séduit par l’œuvre, « c’est plus qu’un titre c’est une madeleine, le galet toujours conservé dans un tiroir ou une poche, une vieille photo jaunie et recollée que l’on se passe de générations en générations. ». C’est aussi un passage de témoin reconnu, identifié peut être longtemps après, le moteur d’une passion fil rouge d’une vie. Après ce drame est venu le déclic, l’achat salvateur chez Bruchon, place Beaubernard : pinceaux toiles, couleurs, palette et le grand « plus » les conseils sur ce que cette passion qui allait éclore nécessitait. Pourquoi ? Parce qu’un conflit à surmonter au niveau de sa conscience, de sa rigueur morale personnelle : « Je me rends compte que je fais dans mon métier des choses que je réprouve, je ne peux continuer ainsi, il faut que je sois en accord avec ma conscience ». Et Alain Michaud quitte son travail pour, cette fois devenir artiste peintre et enseignant. 1992, Charolles, les premiers cours avec du public, ça mettra un certain temps mais ça prendra et l’artiste s’épanouira. Pour cela il faut vivre dans un couple solide, dans une vraie équipe gagnante, c’est le cas

Comment ?  Ce n’est pas le tout de dire « je suis un artiste, je vais peindre des tableaux », il faut encore savoir comment. En fait, pour  Alain Michaud sa devise pourrait être anglo-saxonne : « work in progress and ongoing learning. » ou celle du Guillaume d’Orange : « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ». Et il a entrepris, réussi et persévéré.

Il existe un milliardième de seconde où le monde peut s’ouvrir sous vos pieds et où malgré tout il faut faire le pas, peut être fatidique, en avant. C’est ce qui distingue l’artiste de l’amateur… quelque part ce moment où l’on bascule en mode création appartient à l’essence même de l’acte de créer. Pour Alain Michaud c’est la révélation des impressionnistes, puis de Turner, puis des lectures  immenses sur un océan de savoir pictural qui lui a forgé l’œil et la main. En plus ce tromboniste de la fanfare de Saint Vallier, dans sa jeunesse, est un mélomane averti qui a eu une période (10 ans) où il a peint l’incarnation, le rythme, la texture et la poésie de la musique. Les habitants du bassin minier se souviennent sûrement de son exposition à l’embarcadère à l’époque. Puis il y a eu la découverte de l’écriture Haïku, ce poème d’origine japonaise d’une brièveté remarquable et codifiée, célébrant l’évanescence des choses et la pénétration sensitive intime du lecteur. Bizarrement ou pas, comme sa peinture qui comporte, quelques soient ses périodes, une multitude de regards possibles, d’interprétations oniriques. De là une nouvelle période chez le peintre qui à découvert Zao Wou-ki de l’école de Paris, peintre et graveur chinois naturalisé français. Résultat ? Geste minimum et impact maximum sur la toile, Michaud a trouvé un nouveau sens des alliages de couleurs, une nouvelle patte. Comme il est amateur de littérature, un peu sur le tard, il à découvert « I remember » (Je me souviens) l’autobiographie de Joe Brainard (qui a ensuite inspiré Perec) et Jack Kérouac (sur la route) et il a compris ce qui se jouait en lui depuis tout ce temps : il faut construire pour pouvoir ensuite tout déconstruire, l’art naît d’une certitude qui doit disparaître.

Pour Qui ? La question se pose pour tout artiste comme inspiration ou réassurance. Alain Michaud pourrait s’échapper avec un « pour celui qui regarde mon tableau ou qui lit mes écrits ». Pas le genre du bonhomme, non la réponse est claire et précise : « Pour ma femme, c’est mon ancrage de sérénité, de certitudes, enfin pas « pour » dans le sens absolu mais surtout « grâce » à elle, avec elle et son regard, son soutien. J’en suis arrivé à un point où j’estime que je n’ai plus rien à prouver à personne et surtout pas à moi, alors j’ai, je peux le dire, l’égo apaisé. Je pourrais rester simplement dans mon atelier à peindre »

 

Et peindre, chez lui, reste un rien compulsif et dans l’urgence. En 6 moins, dans une nouvelle manière, en conservant son petit personnage des « passants » il a peint 25 toiles, plus deux sans personnage.

 

Le public est convié à venir rêver devant ses tableaux dans l’exposition « Par les jardins » du 24 juin prochain au 9 juillet dans son atelier du Mont Saint Vincent.

 

Compulsif et acharné il a travaillé et travaille sur 15 collages« poétique du patrimoine » qui seront exposés en septembre à Macon pour les journées du patrimoine, sur le salon de la peinture de l’ADAC à Montchanin (un « picorage » de ses œuvres). Sur une période d’activité de quasiment 32 ans il a présenté son œuvre dans presque trente salons, expositions et autres et donné des cours à des dizaines et dizaines d’amateurs attirés par son art.  Un artiste, un homme, une œuvre, une vie, Alain Michaud, tout simplement, comme une évidence.

 

Gilles Desnoix

 

 

 

 

 

 

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