Présent à la Nuit du Conte et des Etoiles
Pierre Desvaux construit des télescopes vendus aux quatre coins du monde
L’homme est un tel passionné, que son débit est largement supérieur à la vitesse d’écriture de votre serviteur. Pierre Desvaux m’explique qu’il est né à Montceau, a été à l’école à Blanzy, et qu’il a toujours vu son père et son grand-père, tous deux modeleurs de métier (cela consiste à exécuter des modèles d’après un objet ou un dessin de cet objet) s’activer dans leur grand atelier situé à Blanzy, près des Thibourins.
D’ailleurs, dans cet atelier, plusieurs machines, dont une ponceuse ont été brevetées par le grand-père en question. On y trouve aussi une scie professionnelle des années 20, fabriquée par l’entreprise Guilliet d’Auxerre.
Mais revenons à cet homme d’exception qu’est celui qui est installé depuis 2009 à Blanzy, sous l’enseigne « The Dobson Factory ». Pierre Desvaux s’est beaucoup cherché avant d’arriver à la création. Parti faire des études dans un premier temps dans une école de commerce, puis dans une banque, dans une société d’assurances, il part un beau jour pour le Japon où il restera 8 ans.
Il y travaille dans un grand groupe qui vend des assurances par internet. Revenu en France après cette longue escale au pays du soleil levant, il pose ses valises à Paris, jusqu’à ce qu’il réalise que sa passion pour les étoiles est toujours vivace en lui.
Pierre s’offre alors un petit télescope « fabriqué par les chinois, de mauvaise qualité » et observe le ciel à Uchon, en compagnie de ses enfants. Entretemps, il navigue sur la toile, sur les sites d’astronomie et découvre que des gens construisent eux-mêmes leurs télescopes. Qu’à cela ne tienne !
En 2005, il en construit un, en s’aidant des photos publiées sur le Net et des explications qui vont avec. Dans le même temps, il décrète qu’il « en a marre des peaux de banane dans les couloirs de la Défense » et « qu’il en a aussi assez de vivre à Paris ». Dont acte.
La grande chance de Pierre Desvaux a été qu’il avait à sa disposition l’atelier familial. Et il met cette chance à profit, en construisant des télescopes pour les amateurs d’astronomie (ils sont 50 000 en France à s’intéresser aux étoiles).
A ce jour, 50 des télescopes de Pierre sont partis en Suisse, en Belgique, en Espagne, au Japon, en Guyane, aux Etats-Unis et aussi au Chili puisque l’une des créations du Blanzynois trône au pied du VLT (Very Large Telescope). Ce dernier est composé de quatre télescopes principaux et quatre auxiliaires. Il est situé à l’Observatoire du Cerro Paranal, dans le désert d’Atacama au nord du Chili, à une altitude de 2 635 m.
« Lorsque les chiliens ne peuvent pas observer le ciel avec le VLT, ils utilisent mon télescope car ils peuvent le manipuler aisément » livre l’homme. Ajoutant : « Et en Guyane, les indiens du Haut-Maroni viennent même en pirogues pour admirer Saturne ! ».
Pour construire ses télescopes, Pierre Desvaux n’utilise pas n’importe quels matériaux. « Le choix des matières, bois, aluminium, carbone, vernis de haute protection, est sans compromis » dit-il. La structure, en multiplis de hêtre haut de gamme, utilisés par les professionnels modeleurs et les fabricants de pianos, ne s’altère pas avec le temps.
Pour fabriquer la structure de son plus gros télescope (76 cm de diamètre et 90 kg) il a mis environ un mois et demi. Et c’est un artisan de Nevers qui a confectionné le miroir. Qui est d’une précision absolue, puisqu’il s’agit de précision au 10 millièmes de millimètres. Au total, pas moins de deux ou trois mois de travail pour finaliser le télescope. Ce qui justifie son prix qui s’élève à 14 000 euros dont 7 000 euros pour le miroir. « L’achat d’une vie… » résume le créateur. Mais quand on aime, on ne compte pas, n’est-ce pas ?
Pierre Desvaux m’explique à présent le principe de fonctionnement d’un télescope : « La lumière des astres est recueillie par un miroir primaire de forme parabolique situé au fond du tube. Les rayons sont alors réfléchis vers un miroir secondaire plan, placé au centre du tube, qui renvoie l’image sur le coté du tube où l’on peut alors observer à l’aide d’un oculaire placé dans le porte oculaire ».
Mais qui achète ce genre d’appareil ? « Ma clientèle est composée d’ingénieurs, d’enseignants, et de gens aisés, mais j’en ai vendu un à un postier complètement passionné d’astronomie » remarque-t-il.
Un peu plus loin dans l’atelier, je repère un télescope tout mignon, entouré de lanières bleues du plus bel effet. Pierre m’apprend que ce télescope est une première mondiale, puisqu’il est fabriqué avec une imprimante 3D. Il vaut 4500 euros…
Pierre Desvaux, s’il est bien occupé, a encore de nombreux projets. Notamment, la construction d’un télescope en kit, avec des pièces en bois prédécoupées et ce seront les acheteurs qui assembleront eux-mêmes leur télescope. « Ils pourront le monter dans leur salon avec juste un tournevis et une lime » se marre le Blanzynois.
Pour terminer, ce dernier me montre les dessins de ce qu’il voit en observant le ciel. Ce ne sont pas des photos, mais bien des dessins. « Je regarde dans mon télescope, puis je dessine ce que je vois dans le ciel » dit-il. Et ce qu’il y découvre est tout simplement magnifique : Saturne, des étoiles en formation, d’autres en explosion ou encore en train de s’éteindre. Et aussi des cratères sur la lune…
Le genre de choses que le public pourra découvrir le vendredi 5 août prochain, dans le cadre de la Nuit du Conte et des Etoiles à la médiathèque de Blanzy. Pierre Desvaux vont y fera explorer les étoiles à partir de 22h30.
Photo Guillaume Cannat
(qui a acheté le gros télescope créé par le Blanzynois Pierre Desvaux)