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vendredi 10 octobre 2025 à 04:18

L’inclusion ? Un dossier encore en construction en France



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Benjamin Fournier, âgé de 20 ans, est étudiant à Montceau-les-Mines au sein de l’école Inova Business School. Il suit actuellement un Bachelor RDC (Responsable de développement commercial) avec une coloration communication. Auparavant, il a suivi et validé un BTS Communication dans la même école.

Il poursuit son parcours en apprentissage.

 

Derrière ce parcours qui semble assez typique aujourd’hui comme pour de nombreux jeunes, Benjamin a ses propres spécificités. Il est atteint d’amyothophie spinale infantile de type 2. Il s’agit d’une maladie génétique touchant la motricité et l’utilisation correcte des muscles. Autrement dit, Benjamin est en fauteuil roulant et a besoin constamment d’une aide humaine.

 

Ce n’est pas un petit détail, ni pour sa scolarité et encore moins pour suivre une voie professionnelle.

 

Mais revenons à son parcours de ses derniers mois.

 

Des discours à la réalité de terrain…

 

En 2024, Benjamin gagne le trophée de l’H.inclusion remis par le Sous-préfet Olivier Tainturier. Quelques mois plus tard, au mois de février et dans le cadre de la semaine dédiée aux 20 ans sur la loi Handicap et l’égalité des chances, Benjamin est convié à faire découvrir son entreprise à Monsieur le Sous-préfet. Benjamin lui montre alors l’entreprise de grande distribution au sein de laquelle il est accueilli et lui évoque ses difficultés quotidiennes et de sa situation.

 

« Je lui ai parlé de mon optique de changer d’entreprise. Puis j’ai rencontré Madame Jarrot qui m’a dit qu’elle était d’accord pour me recevoir au service communication de la mairie » ajoute-t-il.

 

Avant de se rappeler que des mois et des semaines sont passés, Benjamin reprend contact avec le service communication et la directrice du service. Il est accueilli très favorablement pour un stage d’une semaine en juin dernier. Il se sent très épanoui au sein du service, lui qui aime monter des vidéos. Il avait suivi une spécialité audiovisuelle au lycée Parriat de Montceau-les-Mines.

 

Une demande d’alternance et des aménagements pour son accueil

 

Pour Benjamin, la voie semble toute tracée pour continuer son alternance au sein de la mairie de Montceau-les-Mines, car une seule personne est en charge de ce domaine au sein du service de communication. Et la vidéo se développe de plus en plus.

 

Il demande donc à poursuivre son alternance au sein de la mairie. Là-encore, Madame Jarrot répond favorablement. La mairie réfléchit à l’accueil de Benjamin. Il ne pourra pas être accueilli au sein de la mairie car les locaux ne sont pas adaptés pour l’accueillir : un monte-charge extérieur qui ne peut pas supporter le poids de son fauteuil et un local inadapté.

Pourtant une solution est trouvée. Un bureau adapté l’accueillera au service jeunesse. Et Benjamin aura toujours quelqu’un avec lui qui fera des navettes. L’organisation s’adapte donc à Benjamin.

 

Pour Benjamin, la solution proposée par la mairie est viable pour tous. Il voulait éviter à tout prix d’être un poids pour l’organisation.

 

Mais les financements ne suivent pas…

 

 

Depuis deux ans, c’est une structure privée qui gère ses transports. En étant en contrat dans une entreprise privée, c’était l’Agefiph et Cap emploi qui lui octroyaient une aide financière pour la première et une aide administrative pour la seconde.

 

Aujourd’hui changement de cap ! En signant un contrat avec une structure publique, Benjamin change aussi d’interlocuteur pour ses aides financières : la FIPHFP. Celle-ci possède une enveloppe spécialisée pour les salariés handicapés : 40 000 € pour tous les salariés par an.

 

Or, l’année dernière Benjamin évoque des frais à hauteur de 70 000 € pour deux ans d’aide à la personne fournie par l’entreprise BSP et 12 000 € de devis pour le transport (aménagé). Pour cette année, l’aide humaine devrait s’élever à 30 000 €.

 

« L’aide financière de la mairie va être juste pour moi en sachant qu’une autre personne au moins a des besoins. J’ai pris contact avec Cap emploi pour monter le dossier administratif auprès de la FIPHFP. Une réunion a eu lieu pour savoir s’ils déplafonneraient l’aide pour mon cas. En juillet, j’ai prévenu que ma rentrée avait lieu le 24 septembre. » explique-t-il avant d’ajouter qu’il n’a pas les moyens de payer tout cela et qu’il ne souhaite pas être un poids pour ses parents chez qui il réside.

 

A ce jour, il n’a pas obtenu de réponse de l’organisme public ni de Cap emploi (sans doute débordés selon lui).

 

Benjamin n’a pas encore débuté son alternance car son contrat doit être validé au cours d’un conseil municipal, le prochain. En attendant, tant que l’aide financière de la FIPHFP n’est pas déplafonnée et que son dossier Cap Emploi n’est pas signé, il ne peut pas aller au travail.

 

« J’ai fait ma rentrée sans ces aides. Pour l’instant, j’ai décidé de payer 400 € par semaine pour deux jours d’école. Et pour l’instant, je ne perçois pas de salaire. Mais je devrais percevoir 1000d’AAH pour ce mois. Cela fait deux semaines que cela dure… » dit-il.

 

Vendredi dernier, Benjamin a contacté la Préfecture pour trouver des appuis dans sa démarche. Il espère trouver une solution rapidement. « Ma rentrée est mise en jeu » souligne-t-il.

 

Avant de poursuivre : « Je vais tout faire pour avoir ces aides. Mais mon équipe se fait du souci pour moi ».

 

Benjamin ne manque pas de courage ni d’appui puisque l’AFM Téléthon l’aide dans ses démarches et le soutient en faisant remonter ses demandes notamment au niveau national. « J’espère que mon dossier sera débloqué. Je n’ai pas d’autres choix que d’y aller. Même si je restais chez moi, il faudrait que j’aie une aide de toute façon, mais je n’ai pas envie d’être un fardeau pour ma famille » conclut-il tout en reconnaissant que toutes ces démarches sont épuisantes.

 

Effectivement très peu d’élèves ont autant à se battre pour avoir des aides. Il espère de tout cœur un déplafonnement de l’aide qui lui permettrait rapidement de poursuivre son parcours au sein de la mairie de Montceau-les-Mines. En tout cas, son expérience interroge sur la question de l’inclusion des personnes en situation de handicap.

 

EM

 

 

 

 

 

 

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