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mardi 24 novembre 2020 à 06:35

Faits divers – Violences intra-familiales ?

Le prévenu relaxé mais au bénéfice du doute...



 



 

Le 20 novembre, l’hôpital de Chalon-sur-Saône fait un signalement au procureur de la République : la mère d’un bébé accueilli en néonatalogie a dit que le père la violentait, verbalement et physiquement depuis le début de leur relation en juin dernier à Saint-Vallier. Ni une ni deux, voilà le père placé en détention provisoire. Il est jugé en comparution immédiate ce lundi 23 novembre.

25 ans, il n’a que 25 ans. Il est père deux fois : le premier enfant est né d’une relation antérieure, il est placé, la seconde est née avec deux mois d’avance, et alors qu’une infirmière engageait la maman à prendre son bébé en « peau à peau », l’on vit alors l’hématome sur le haut du bras.
On ne sait par quel bout attraper l’histoire car il y a trop d’histoires, à se demander si ces jeunes gens vivent ailleurs que dans des histoires. La plaignante dit avoir mis le prévenu à la porte de chez elle le 19 novembre, mais qu’il revient l’importuner. Pourquoi l’a-t-elle passé dehors ? « C’est parce que je l’ai trompée. »

Ils baignent dans une forme de violence, ils vivent ainsi

De son côté, il conteste absolument les violences physiques, il ne reconnaît que « des violences verbales, réciproques ». Ils se parlaient mal, et ce depuis toujours. La mère du bébé a d’autres enfants, et les disputes partaient souvent de là. Monsieur porte des jugements sur eux, il ne veut pas que sa fille grandisse avec eux, « car ils chopent souvent des poux chez leur père ». A cela la mère lui répond que de toute façon il n’aurait jamais la garde de leur fille, vu que son premier enfant a été placé. C’est là qu’il lui aurait donné trois coups de poing dans le bras.

« Elle fait du cinéma »

« Elle était trop amoureuse de moi, dit le jeune homme, sans fanfaronner, juste comme ça. Mais quand je l’ai vue avec son ex, je suis parti. Elle ne veut pas que je refasse ma vie, quoi ! » L’ex en question fut condamné pour des violences sur cette femme (qui n’est pas à l’audience), il a une interdiction de contact avec la victime, interdiction qui visiblement n’est pas respectée. Le prévenu dit : « Elle fait du cinéma ». Pour quelle raison ferait-elle ça ? « Là, j’allais prendre mon envol sans elle, et elle m’avait dit qu’elle ne voulait pas, qu’elle ne voulait que je sois avec une autre femme qu’elle. »

Le parquet requiert une peine de prison et une interdiction de contact

La plaignante a écrit au tribunal, « toute cette procédure est trop rapide pour moi » (le fait est), elle veut que « monsieur se fasse soigner pour maîtriser ses nerfs », mais elle ne demande pas d’interdiction de contact. Fort du signalement, de la déposition de la femme et du certificat médical qui constate l’hématome sur le bras, le parquet requiert une peine de 8 mois de prison dont 4 mois seraient assortis d’un sursis probatoire avec obligation de travailler (le prévenu ne travaille pas), de suivre des soins, et interdiction de contact et de paraître au domicile de la victime.

« Il y a trop d’incertitudes »

Maître Sarah Bouflija ne l’entend pas de cette oreille. « Parfois on peut avoir un doute sur la véracité des propos qui vous sont rapportés. Si les violences étaient habituelles pourquoi ne pas s’en plaindre avant ? Elle voit son ex, et elle dit à peu près les mêmes choses dans ses deux plaintes. Son ex peut être l’auteur du bleu. Monsieur (qui est dans le box) voulait mettre fin à cette relation, madame ne demande pas d’interdiction de contact avec lui. Le bleu sur son bras, unique, et vieilli, ne concorde pas avec trois coups de poing. Il y a trop d’incertitudes, je demande au tribunal d’entrer en voie de relaxe. »

Relaxe au bénéfice du doute 

Le tribunal prononce une relaxe « au bénéfice du doute ». Le président soupèse le jeune homme du regard : « Si je peux me permettre de vous donner un conseil, restez à dix kilomètres de madame, et pour votre fille, tâchez d’avoir rapidement une décision du juge aux affaires familiales. » La nuit tombe sur le palais de justice ainsi que sur le service de néonatalogie dans lequel un nouveau-né reçoit encore soins et surveillance, et dont les parents sont déjà séparés. En principe.

 

FSA

 

Le prévenu relaxé

 

 



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