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lundi 11 juillet 2022 à 21:26

Blanzy – Attaque à main armée et violences sur une prostituée



 



Ce samedi 9 juillet, un homme âgé de 71 ans a attaqué et frappé une femme « qui exerce l’activité de prostitution », dit la présidente, sur la commune de Blanzy. Pourquoi ?

Avant de revenir à cette question, il convient de raconter comment l’affaire fut rapidement résolue. Ce monsieur s’était pointé sur le parking, plaques d’immatriculation dissimulées, le visage vaguement caché, boitant, et doté d’un accent étranger, révolver au poing. Une vieille arme (1870) toute rouillée mais qu’importe : la femme qu’il visait, à bout touchant sur son thorax, dit-elle, s’est vue mourir. Elle a donc résisté, l’entraînant dehors, « je me suis dit il va me tuer et je voulais qu’on le voie », elle parvient à le désarmer. Il a insisté, « la traînant par les cheveux sur plusieurs mètres », rapporte la substitut du procureur, Clémence Perreau. Et il lui a donné des coups. Une femme qui passait par là en voiture, entendit les cris, fit demi-tour pour aller sur l’aire. Elle voit la scène, charge la victime dans sa voiture, la mettant ainsi en sécurité, et appelle la police tout en prenant en chasse le camping-car du monsieur. « Une bonne citoyenne », tient à souligner la présidente.

 

Pourquoi ?

Conduite dangereuse de l’homme. Elle a dû monter à 120 km/h pour le tenir dans son champ de vision. Elle appelle le commissariat de Montceau-les-Mines. La police, sur ses indications, arrête l’agresseur. Il est 13h10. L’homme est jugé pour tentative de vol avec violence. « Il encourt 7 ans de prison » précise la procureur. La victime est dans la salle, accompagnée d’une traductrice, car cette jeune femme d’origine guinéenne arrive d’Espagne et ne parle que quelques mots de français. Elle porte un bandage, elle fut blessée dans sa bagarre contre son agresseur. Elle a 7 jours d’ITT. Pourquoi a-t-il fait ça ? Il fut le client de cette dame, une fois. Ça lui a coûté 130 euros, il voulait les récupérer. Soit, mais pourquoi ?

 

« C’était pour la pitié de cette dame Fatima »

Il vit depuis un mois dans son camping-car, il loue sa maison de Chassenard. Il perçoit sa retraite, le loyer de sa maison et une rente d’accident du travail. Pourtant, dit-il aux enquêteurs, il était sans un sou ! Les enquêteurs se renseignent : ses comptes sont créditeurs, il a même pas mal d’économie. Alors ? « J’y ai pensé dans la nuit, dit-il à la présidente Catala. J’avais fait une erreur de calcul et j’ai cru que je n’avais plus d’argent. » La présidente ne voit pas trop le rapport entre « croire qu’on n’a plus d’argent » et entreprendre une attaque à main armée, avec d’autres violences. « C’était pour la pitié de cette dame Fatima. Oui, la pitié, car elle couchait dans la rue et elle avait 3 euros dans un gobelet en plastique. Alors je l’ai emmenée au bar, lui ai acheté de la boisson et un sandwich. Après je lui ai donné du linge, de la nourriture et de la boisson. »

 

« Menteur », « manipulateur », dit sa fille

La présidente : « Monsieur, c’est très bien mais comment passe-t-on d’un comportement altruiste et généreux à un passage à l’acte si violent ? » … On ne le saura jamais. Il dit qu’il souffre de la maladie d’Alzheimer, « j’oublie tout, je perds tout ». Sa fille, interrogée, dit de lui qu’il est menteur et manipulateur, et que s’il peut « vous en jouer une, il la jouera. Il n’est pas plus malade que vous et moi. ». La procureur soutiendra ce regard. Il est vrai qu’il pleure pas mal puis plus du tout, dit une chose puis une autre, et fera un chantage au suicide déguisé quand il s’agira de prison. « Il dit qu’il a Alzheimer…, plaidera maître Vermorel. Il a des troubles neuropsychiques, c’est une évidence. Il se croit sans le sou alors qu’il en a » … et qu’il a signé un compromis pour acheter une maison il y a 8 jours.

 

« La destinée »

Pourquoi s’en être pris à cette femme-là ? « Parce que je la connaissais. Elle est gentille, elle est sympa. C’était comme ça, la destinée. Je me suis enfui comme un voleur, malgré que je lui ai rien volé. La police m’attendait. C’était comme ça, la destinée. »
Malade, sans doute, roublard, sans doute aussi. Il dit qu’il était tombé amoureux de cette femme qui mendie sur le parvis de la basilique de Paray-le-Monial. « Les policiers m’ont dit de faire attention, qu’elle se sert de moi, ils ont sûrement raison. »

 

« Je l’ai assisté en garde à vue, il s’est mis à prier »

« Il manque d’amour » dit avec raison, forcément, son avocat. Il a perdu son épouse il y a 25 ans, dit qu’il traîne une dépression depuis. Cela dit, « il pleure quand il faut » dit avec raison la procureur. Claude Vermorel parle aussi d’« exaltation mystique ». « Il est très croyant. Trop, même. Je l’ai assisté en garde à vue, il s’est mis à prier. » L’avocat parle de « psychose » et regrette que la procédure de comparution immédiate ne laisse pas le temps d’en savoir mieux. La procureur demande une peine de 18 mois de prison dont 10 mois seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, et un mandat de dépôt pour la partie ferme. « Si je vais en prison, ça avancera ma mort » affirme le monsieur.

 

36 mois dont 12 mois ferme avec incarcération immédiate

Il va en prison. Le tribunal le condamne à la peine de 36 mois de prison dont 24 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Une façon d’anticiper sur la réponse à la moindre récidive. Le tribunal décerne mandat de dépôt pour la partie ferme de 12 mois. « La gravité des faits, et le risque pour d’autres personnes, a amené le tribunal à prononcer cette peine. »

Le coup est rude, mais enfin qu’est-ce qui lui a pris de placer du scotch bleu sur ses plaques d’immatriculation, de changer sa démarche et sa façon de parler, de tenir en joue une femme avec laquelle il avait fait une transaction commerciale, de la traîner par les cheveux, de lui donner des coups ? Parce qu’il avait pitié de l’une ? Et pas de l’autre ? On n’y comprend rien.

 

Florence Saint-Arroman

 

 

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