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vendredi 11 mai 2012 à 16:26

Policiers

Une grande journée de mobilisation nationale



 

Manifestation devant la préfecture ce matin

 

 

Fin  avril, un policier de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis,  a été mis en examen pour avoir tué, d’une balle dans le dos, un délinquant multirécidiviste. C’est la goutte d’eau de trop pour l’ensemble des policiers, qui depuis hier, manifestent leur grogne, dans toute la France.

 

 

 

 

 

 

À Mâcon, à Chalon, à Montceau… tous étaient mobilisés jeudi devant leur commissariat pour expliquer les raisons de leur colère. Ce matin, une trentaine d’entre eux, du syndicat Alliance Police nationale (en congès parce qu’ils n’ont pas le droit de faire grève), venus de tout le département, s’est même déplacée à Mâcon, pour rencontrer le préfet de Saône-et-Loire, François Philizot.

 

Résultat après une petite heure d’entretien : « Il a été attentif à nos revendications, il nous également fait une belle promesse : celle de faire remonter nos revendications aux autorités compétentes ! Mais quoi qu’il en soit nos revendications sont légitimes. Il ne s’agit pas ici pour nous d’une défiance envers l’autorité judiciaire. Que notre collègue soit mis en examen, c’est normal, mais pas avec cette qualification des faits qui est excessive ! »

 

 

« Nous voulons que soit instauré une présomption de légitime défense,

comme les gendarmes ! »

 

 

Par ce mouvement, les policiers veulent surtout exprimer leur ras-le-bol face « à l’incessante remise en cause de leur travail et la suspicion permanente qui pèse sur tous leurs faits et gestes. » « Il est intolérable qu’un policier soit considéré comme un meurtrier en puissance, s’exprime ainsi Stephan Ragonneau, secrétaire départemental du syndicat Alliance. On demande le strict respect de la présomption d’innocence pour tous les policiers et la parité policiers-gendarmes ! Comme eux, nous voulons que soit instaurée la présomption de légitime défense. »

 

Les gendarmes et les militaires sont assujettis à l’article L2338-3 du code de la défense, qui prend en compte, entre autres, les menaces pour l’usage de la force armée. Alliance police nationale estime que les dispositions de la légitime défense ne peuvent s’appliquer de manière identique aux citoyens lambda et aux policiers. « Le caractère exceptionnel et la dangerosité toujours croissante des missions qu’assurent les policiers au quotidien nécessitent des dispositions légales, elles aussi, exceptionnelles », explique le syndicat dans un communiqué.

 

 

Stephan Ragonneau, secrétaire départemental Alliance, et Laurent Vacheresse, délégué départemental et policier à Chalon

 

 

Par ce mouvement, les policiers entendent également protester contre le manque de moyens « avec un budget de fonctionnement divisé par deux en cinq ans ». « Nos locaux se dégradent à vue d’œil, on n’a plus de moyens pour acheter des véhicules, la parc informatique est vieillissant et inadapté à nos nouvelles fonctions…, détaille ainsi Stephan Ragonneau. Depuis 2008, on a également supprimé 8 000 postes. On a voulu mettre en place des brigades de patrouilleurs, c’est bien beau sur le papier, mais on le fait avec qui ? Avec quels moyens humains ? On a besoin de plus de policiers. Au lieu de cela, on a de plus en plus d’adjoints de sécurité, des contractuels qui sont formés certes, mais qui ne peuvent pas remplacer en théorie un gardien de la paix. C’est pourtant ce qui se passent dans les services ! »

 

 

« On gère 70 % de la délinquance dans le département,

mais on n’est pas entendus »

 

 

Alliance demande également une refonte du cadre de procédure pénale : « Les récentes réformes ont mis à mal les investigations policières. On a alourdi la procédure de la garde à vue, sans nous consulter ! » Et c’est ce genre de choses qui mène au ras-le-bol. « On a affaire à un vrai malaise au sein des fonctionnaires de police, on l’a bien vu récemment avec le mouvement spontané des collègues qui ont défilé dans les rues de Paris, intervient Laurent Vacheresse, délégué départemental Alliance. On n’arrive pas à se faire entendre, même dans un petit département comme la Saône-et-Loire où par nature les effectifs sont réduits (NDLR : on compte environ 120 policiers à Mâcon, 170 à Chalon, 80 à Montceau, 60 au Creusot et 140 à la compagnie de CRS de Chalon). Et ce alors qu’on assure le service public 24 h / 24 et qu’on gère 70 % de la délinquance en Saône-et-Loire. »

 

Leur travail augmente, leurs moyens diminuent, cinq de leurs collègues ont été blessés en service l’an dernier et gardent aujourd’hui des séquelles irréversibles… et pourtant les chiffres de la délinquances continuent de baisser dans leurs zones. « Pourquoi ? Parce qu’on a une conscience professionnelle, cette déontologie qui fait qu’on travaille malgré la crise, malgré ces conditions de travail qui se détériorent de jour en jour ! »

 

 

Delphine CRESSON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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