Des nouvelles de Stanislas Bourissoff
Par H. Ruben
Notre ami H. Ruben, nous a adressé un texte où il fait toujours autant preuve d’humour décalé mais non dénué d’un certain bon sens ; jugez-en par vous même.
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Je vous transmets sans attendre cette dernière missive en provenance du Mégastan. Bien sûr, nous connaissons déjà le résultat des élections présidentielles de cette ancienne province de l’ex-URSS à cause du délai d’acheminement du courrier. L’analyse que mon ami Stanislas Bourissoff y fait de la situation politique de son pays me semble intéressante. Qu’en pensez-vous ?
H. RUBEN
Mon cher Hector,
Merci de m’avoir donné de tes nouvelles et de m’avoir expliqué le rôle de la Chambre des députés et du Sénat. A ce propos, je ne comprends pas tout à fait ce qui se passe en France. N’avez-vous pas élu votre président ? Et vous en tenez encore d’autres ? Vous faites un gouvernement, puis vous le démissionnez, puis vous le refaites avec presque les mêmes. Vous votez pour élire des députés, et ce sont leurs remplaçants qui vont siéger à leur place quand ils sont nommés ministres. Vous nous donnez le tournis, à nous Mégastanais, encore novices en matière de démocratie.
Et maintenant, comme promis, je vais te donner quelques informations sur notre élection présidentielle. Chaque soir nous avons droit à un message télévisé des candidats. Tu ne t’imagines pas l’état d’abattement des téléspectateurs contraints d’absorber ces litanies au lieu de leur programme habituel.
Il faut préciser que nous avons sept postulants au poste suprême. Je t’avais déjà évoqué les trois représentants issus du parti majoritaire, le P.U.M., puisque le président sortant avait prudemment choisi de ne pas briguer un second mandat. Le candidat du parti Idanditär Blockenev séduit une partie des Mégastanais par sa jeunesse, sa gouaille populaire et des idées simples. Je te connais, tu dirais simplistes. On peut dire que ses positions ne manqueraient pas d’étonner un citoyen français. En effet, la ligne directrice se résume en une phrase : « Le Mégastan aux Mégastanais, Obéissance, Ordre, Travail, Sévérité et chacun pour soi »
Nous aurons également deux candidats que vous, Français, classeriez à l’extrême-gauche. Ils sont très sympathiques et passent bien à la télévision. En gros leur programme est le suivant : « Les patrons s’engraissent sur le dos des travailleurs, on vous exploite, on vous spolie. » Nos instituts de sondage les créditent de 1 à 1,5 pour cent à eux deux. Inutile de te dire qu’ils rivalisent à coups de slogans bien saignants.
En ce qui concerne les candidats dits « sérieux », outre l’un des candidats du P.U.M., favori des sondages, qui représente le centre-droit et un écologiste dont on n’avait jamais entendu parler jusque là, il me faut maintenant évoquer celui qui, de mon point de vue, a le plus de chance de l’emporter.
On ne peut imaginer un être plus différent de notre président sortant : il est calme, souriant, déterminé sans être têtu, admet la contradiction sans se mettre en colère. J’ai même l’impression qu’il aime les gens. Je pourrais presque dire qu’il est normal mais il paraît que ce mot est maintenant tabou chez vous. Peut-être un point faible : il recherche la concertation, voire le consensus et au Mégastan, nous sommes plutôt habitués à ce style que vous appelez en France « bonapartisme ». Le chef décide tout seul, il a forcément raison puisqu’il est le chef.
Voilà mon cher Hector, il ne nous reste plus qu’à voter. Je te rappelle que le scrutin est à un seul tour et que le candidat arrivé en tête au soir du 29 juillet aura remporté l’élection.
Au plaisir de recevoir de tes nouvelles et donne le bonjour autour de toi. Je t’embrasse. A bientôt.
Stanislas Bourissoff.