Le billet littéraire d’Annie-Déborah Bunole
Par H. Ruben
Notre ami H. Ruben, nous a adressé un texte où il fait toujours autant preuve d’humour décalé mais non dénué d’un certain bon sens ; jugez-en par vous même.
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J’ai le plaisir de vous transférer le second chapitre d’un roman qui a eu l’honneur de recevoir une appréciation très positive d’A.D. BUNOLE, critique et essayiste à France-Paris, dans son article mensuel très attendu et très redouté intitulé « Le billet littéraire d’Annie-Déborah Bunole »
Le premier chapitre peut être consulté avec le lien ci-dessous. A votre appréciation.
H. RUBEN
Chapitre deux : Le facteur
Lorsqu’elles aperçurent le véhicule jaune au bout de l’allée qui menait à la ferme, Christine et Mauricette demandèrent au chien d’aller à sa rencontre. Il n’attendait que cela. Son odorat et son ouïe l’avaient déjà averti de l’arrivée de la Renault du Père Goniot et il partit truffe au vent, agitant son panache de queue mais au trot, sans se presser. Il s’économisait, moins il irait vite, plus le facteur se rapprocherait et moins il aurait de chemin à parcourir à l’aller comme au retour. « Économisons notre énergie. »
Les deux filles s’apprêtaient à mettre leurs bols du petit-déjeuner dans le lave-vaisselle quand le chien jappa et que le facteur toqua au carreau.
« Entrez » firent-elles en chœur, le dos tourné à la porte. Ce n’était pas le Père Goniot mais quelqu’un d’inconnu au village. Environ vingt-cinq ans, grand, maigre et noir de peau. Il se présenta : « Bonjour mesdemoiselles. Je suis votre nouveau facteur, du moins pour quelques semaines. »
Puis il expliqua que le Père Goniot, qu’il appela respectueusement Monsieur Goniot, avait cessé ses fonctions avec un peu d’avance sur sa retraite officielle. Christine et Mauricette n’en comprirent qu’à moitié les raisons. Les expressions « Compte épargne-temps, congés en retard, nombres de trimestres cotisés » ne leur évoquaient pas grand-chose bien qu’elles entendissent parfois ces mots dans la conversation de leurs parents.
Le nouveau facteur s’appelait Baptiste Donnadieu, ses parents, enseignants, étaient venus de Guadeloupe pour s’établir en Métropole et lui, en attendant de trouver un travail correspondant à ses diplômes universitaires, gagnait sa vie en tant qu’intérimaire à la Poste.
Christine et Mauricette l’écoutèrent poliment et constatant qu’elles ne cherchaient pas à prolonger la conversation, il prit poliment congé, remonta dans la kangoo jaune et s’engagea sur le chemin en direction de la ferme des Thibaut. Le chien ne broncha pas. Une fois, ça suffit. Il n’allait pas encore faire du zèle.
Baptiste Donnadieu n’avait pas refermé la porte en quittant la maison. Mauricette se précipita pour éviter que le courant d’air la fasse claquer et c’est à ce moment qu’elle aperçut le courrier posé près du minitel.
Aimée Marsel
A suivre (peut-être)