Conseil général : vœux de l’opposition
2013, année du sursaut ?
2013, année du sursaut ?
Lors de la dernière assemblée départementale en décembre, l’opposition et son chef de file, André Accary, s’interrogeaient sur le manque d’ambition du Conseil général lors de la présentation du budget 2013. Pour le groupe UASL (Union pour l’avenir de la Saône-et-Loire), le Département doit prendre ses responsabilités et ne pas se contenter de regarder le train passer. En ce début d’année 2013, le conseiller général du canton de Paray-le-Monial continue de plaider un sursaut et propose une réorientation budgétaire pour développer le territoire.
Un budget très passable sans grande orientation stratégique. Le constat d’André Accary est sans appel. Pour s’en sortir, le Conseil général doit avoir de l’ambition et saisir l’occasion de jouer son véritable rôle pour surmonter la crise. Sans surendetter la collectivité, sans non plus solliciter les Saône-et-Loiriens en augmentant les impôts. « Juste en réorientant le budget sur trois priorités, sans dépenser plus, sans occulter non plus le volet social, qui est une compétence obligatoire du Département et sur lequel nous ne nous sommes jamais opposés », explique le conseiller général. Ces trois priorités sont l’emploi et le développement économique, l’aménagement du territoire et le soutien à l’agriculture.
Leur priorité numéro 1, c’est le développement économique. « Et quand j’entends que c’est aussi une priorité de la majorité, je tombe de ma chaise, avance l’élu chiffres à l’appui : « Depuis 2008, on a eu une baisse de 32 % du budget consacré à ce domaine, en passant de 7,45 millions d’euros à 5,13 millions d’euros. Alors qu’il nous faudrait absolument soutenir l’effort à l’investissement en soutenant l’économie. »
Pour cela, il dit stoppe aux années blanches sur la voirie : « Derrière ces travaux, il y a des hommes, des femmes et des emplois. Avec ces années blanches, ce sont des chômeurs supplémentaires. » Il demande également plus de clarté dans les actions du Département ainsi qu’une réflexion départementale sur le schéma économique. En ligne de mire : le soutien à l’innovation et à la recherche développement. « D’autres départements l’ont fait et c’est une chose à laquelle je crois beaucoup. Nous pourrions notamment relancer le partenariat avec Oseo et créer un fond pour l’innovation. »
Le développement économique passe aussi, selon l’élu, par le désenclavement de l’Ouest du département et les infrastructures routières. « Or, quand on regarde le dossier RCEA, plus rien ne se passe. Comment faire venir ou donner des visions positives aux entreprises de Gueugnon ou de Bourbon-Lancy, notamment, dans ce contexte. Tout est au point mort dans ce dossier alors que la RCEA aurait un impact considérable et direct sur l’économie en Saône-et-Loire. »
« Faire davantage confiance aux élus locaux »
Sa deuxième priorité : le soutien aux communes et aux intercommunalités. En 2008, c’était 9,7 millions d’euros du budget, aujourd’hui 3,4 millions d’euros, soit une chute de 65 %. « De quoi s’interroger alors même que les communes sont un levier de l’économie. Quand elles investissent un euros, ce sont 7 ou 8 euros d’investissements directes qui ressortent avec des emplois à la clé et l’aménagement du territoire. Il faut davantage faire confiance aux élus locaux qui ont des programmes d’aménagement innovant. »
Si ces aides ont effectivement baissé, le Conseil général a aussi créé une Agence technique départementale qui conseille les collectivités, leurs apporte des moyens techniques supplémentaires et surtout se développe de plus en plus. « Nous ne sommes pas contre cette agence, mais elle aurait de l’intérêt si en face on donnait le moyen aux communes d’investir. On les conseille d’accord, mais si les collectivités n’ont pas les moyens financiers de suivre ces conseils et de faire des travaux, où est l’utilité ? D’autant que les communes doivent en plus payer pour recevoir ces conseils… Si on avait créer cette agence tout en maintenant les aides aux communes, j’aurais dit banco, sans hésitation ! »
Troisième priorité : l’agriculture qui représente presque 10 % des actifs dans le département (9,6 %). L’enveloppe consacrée à ce secteur a baisse de 1,8 millions d’euros depuis 2008, selon l’opposition, et ne représente que 0,5 % du budget primitif 2012. « Alors même que la profession génère plus d’un milliard de chiffres d’affaires avec tous les prestataires : bâtiments, vente de matériel, agroalimentaire…. Il faut aujourd’hui remettre un budget en cohérence et retravailler sur quatre axes principaux : l’économie, le territoire, l’environnement et le social. On nous parle des filières courtes, mais où est l’innovation ? Cela a toujours existé ! »
Économiser sur les transports et les frais de cabinet
Sur la manière de s’y prendre, André Accary et Jacques Lecoq, conseiller général du canton de Saint-Bonnet-de-Joux et vice-président du groupe UASL, proposent plusieurs pistes de travail. « Sans dépenser un centime de plus », souligne bien André Accary. Il donne quelques exemples : faire un vrai effort sur la gestion des transports départementaux « puisqu’on a aujourd’hui des bus qui circulent à vide. On doit donc rééquilibrer les choses pour rationaliser, soit un million d’euros d’économies » ; l’utilisation de l’aide de 1,6 millions d’euros versée par l’État aux départements en difficulté ; ou encore faire des économies sur le fonctionnement du cabinet du président « entre 2011 et 2013, les relations publiques ont augmenté de 184 %, et les voyages de + 77 %. On pourrait faire un million d’euros d’économies dans ce secteur. »
« Le département, c’est comme n’importe quelle autre collectivité, il faut se poser les bonnes questions pour faire des économies, mais encore faut-il oser et se fixer des priorités, avance l’élu parodien. Nous sommes aujourd’hui dans une situation compliquée et il faut réagir de manière positive. Nous devons faire en sorte de donner aux gens et aux entreprises envie de s’installer ici et d’y rester. Pour cela, conservons l’acquis et préparons l’avenir ! Si on n’a pas de visibilité sur les 2, 3, 4 ou 5 prochaines années, on ne s’en sortira pas ! L’optimisme, ça s’entretient ! Mais arrêtons de mettre des titres et de parler constamment d’attractivité alors qu’on baisse dans le même temps le budget développement économique de 32 %. L’attractivité, ce n’est pas qu’un mot ! C’est une stratégie. Il faut donner des signes forts. On ne décrète pas l’attractivité, on fait l’effort d’avancer et on donne des preuves ! »
« Donner des perspectives d’avenir aux entreprises »
Il cite, une nouvelle fois, la RCEA, « un dossier au point mort alors que si on donne une date de mise à 2×2 voies aux entreprises, il y aura un effet réel sur l’attractivité. Si on leur annonce 2017, cela leur donne des perspectives, un schéma, une stratégie et les gens vont nous faire confiance. »
« De la lisibilité sur le 5-10 ans à venir, c’est cela que les entreprises attendent ! Elles veulent en savoir plus sur le devenir de la Saône-et-Loire, c’est ça rendre un territoire attractif ! », enchaîne Jacques Lecoq.
Tout cela, les élus de l’UASL et André Accary vont le faire savoir aux maires de Saône-et-Loire. Dans un courrier envoyé dans chacune des 573 communes du département, l’opposition départementale reprendra en effet toutes ces explications, pour les informer et leur prouver qu’une autre politique est possible. Celle de l’ambition…
Delphine CRESSON