Législatives 2012
Le logement social s'invite dans la campagne avec l'USH de Bourgogne
Dans le cadre de la campagne des législatives, l’Union sociale pour l’Habitat de Bourgogne (qui regroupe l’ensemble des organismes HLM soit 21 au total, constructeurs et bailleurs, dans la région) et son président André Quincy ont souhaité interpeller chaque candidat à la députation sur les enjeux en matière de logement social dans le but de recueillir leurs engagements s’ils étaient élus.
En plus d’un questionnaire envoyé à chacun, une rencontre-débat est organisée dans chaque département. En Saône-et-Loire, celle-ci avait lieu ce mercredi soir à Saint-Jean-le-Priche. Presque tous les candidats avaient répondu à l’invitation. Oui, presque tous les candidats… de Gauche !
Le PS, les Verts, le Front de Gauche, les Divers Gauche se sont prêtés au jeu des questions-réponses. Mais sans candidat de Droite, peu ou pas de débat… si ce n’est avec quelques personnes présentes dans la salle.
André Quincy a regretté que « l’éventail ne soit pas complet contrairement à ce qui va se passer demain dans la Nièvre ou plus tard dans l’Yonne. Cela est d’autant plus dommageable que le logement est une des premières préoccupations des Français avec l’emploi et le pouvoir d’achat. Il représente une charge de plus en plus lourde dans le budget des ménages, et cela est encore aggravé par la précarité et le chômage. »
Et de poursuivre : « Malgré les efforts de construction et la réhabilitation du parc ancien, les offices HLM sont un peu à bout de souffle de fait du désengagement de l’État. Cela ne nous permet plus de garantir notre mission sociale : le droit au logement accessible à tous. La logement social, c’est pour ceux qui ne peuvent pas accéder à la propriété et ceux qui ne peuvent pas se loger dans le privé. Le modèle français du logement social est ainsi fondé sur la mixité et l’intégration garantissant le lien social et la qualité de vie. Et ce modèle est menacé ! »
C’est la raison pour laquelle l’USH a adressé un questionnaire à tous les candidats aux législatives, dans chaque circonscription. « Nous leur avons demandé quelle serait leur politique sur le logement », résume André Quincy.
Autres sujets et questions posés : À qui doit être réservé le logement social, les HLM ? Quelles seraient leurs propositions concernant les aides à la pierre qui ont fondu « comme neige au soleil » ? Quelles sont leurs positions sur la politique foncière pour favoriser la construction de logement, sur la réhabilitation du parc ancien, sur la politique des loyers, sur l’accessibilité des logements ? S’ils sont favorables à l’abandon ou au maintien du prélèvement de l’État sur le 1 % logement (soit un milliard d’euros par an) ?
Bref, est ce qu’ils sont prêts à soutenir la politique du logement en France et à en faire une priorité qui relève de la politique nationale ?
Autant de questions qui ont été reprises lors de cette soirée à Saint-Jean-le-Priche. Leurs réponses sur quelques unes d’entre elles…
Est-ce que la question du logement a été suffisamment évoquée dans la campagne de la présidentielle et des législatives ? Est ce une des priorités manifestées par les citoyens ?
Nicole Eschmann (EELV – 1re circonscription) : « C’est un sujet au cœur des priorités, avec l’emploi, le pouvoir d’achat, la santé et l’éducation, qui revient souvent lorsqu’on va à la rencontre de la population. On discute avec des gens en difficulté surtout les jeunes qui ont du mal à trouver un premier logement et les personnes âgées qui n’ont plus rien une fois leur loyer et les factures énergétiques payées.«
Eve Comtet Sorabella (Front de Gauche, suppléante de Jacquy Lièvre – 1re circonscription) : « On sent bien que le logement est devenu une priorité par rapport au loyer et aux charges à payer. Il y a deux problématiques : les logements dont les loyers et les charges sont élevés et parallèlement à cela, des revenus insuffisamment élevées pour payer.
Les jeunes sont particulièrement bousculé dans ce domaine. En ce qui concerne le bâti ancien, les personnes âgées rencontrent des difficultés d’accès, il faut une efficacité de la rénovation. La réhabilitation est un des aspects très importants du logement. »
Thomas Thévenoud (PS – 1re circonscription) : « En rencontrant la population, on se rend compte qu’elle est confrontée à plusieurs problèmes : des difficultés à payer les charges courantes, c’est la précarité énergétique ; la question du logement des jeunes à Mâcon avec un manque de structures d’accueil temporaire pour les jeunes apprentis notamment ; et la difficulté du maintien à domicile pour les seniors qui habitent des logements anciens.
Il y a aussi une question qui revient souvent : c’est celle de l’accession à la propriété et la sécurisation des parcours des accédants à la propriété. »
Rémy Reyberotte (Divers Gauche – 3e circonscription) : « À Autun, on a heureusement moins de difficultés avec le logement des jeunes grâce au foyer des jeunes qui a été rénové. Le marché du logement est aussi plus détendu. Mais quand on se pose des questions sur le logement, il faut forcément parler du pouvoir d’achat : le logement représente une part importante du budget des ménages. On accentue en plus la précarité quand des logements ont un mauvais rapport entre le coût du loyer et leurs facteurs énergétiques. La question du logement mérite un vrai débat pour qu’en sorte des propositions, mais pour cela il faut que les deux côtés de l’hémicycle y participent ! »
Quid du prélèvement de crédits pour financer l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (ANAH) et l’Agence nationale de renouvellement urbain (ANRU) ?
Réponse unanime : les quatre candidats présents, s’ils sont élus, oublient et suppriment ce prélèvement.
« C’est injuste puisque ce sont les locataires des logements sociaux qui financent l’habitat social et la rénovation de l’habitat privé », insiste Eve Comtet Sorabella.
Faut il préserver ou réformer le modèle français du logement social ?
Eve Comtet Sorabella : « Il faut clairement le préserver. Les besoins sont trop immenses et le nombre de mal logés tout aussi important. Il faut que chacun puisse se loger dans de bonnes conditions dans des coûts raisonnables : pas plus de 20 % du budget, loyer et charges comprises. »
Une réaction qui a fait réagir vivement une des personnes présentes dans la salle : « On ne peut pas dire que la Saône-et-Loire est dans une situation dramatique, certes on a des besoins, mais nous ne sommes pas à Paris !
Par ailleurs, les propriétaires privés qui sont aidés dans le département sont des gens modestes qui vivent dans des conditions difficiles : pour eux, les HLM sont des palais ! On leur donne simplement 2000 euros pour installer l’eau chaude ou mettre une douche, c’est vraiment pas grand chose !
Quant au logement des jeunes, j’ai moi même reçu trois jeunes que j’ai pris dans mes appartements sans difficulté. Avec les aides, ils ne paient que 20 euros par mois sur un loyer de 280 euros ! Ne dites donc pas qu’il y a à Mâcon, des difficultés à se loger pour les jeunes. Il y a entre 1 200 et 1 500 appartements vides à Mâcon ou dans sa proche région et dans 38 % des cas, ils sont rénovés entre chaque locataire ! »
Réponse de Thomas Thévenoud : « C’est un fait : on manque de logement pour les jeunes à Mâcon, c’est une étude sollicitée par le préfet qui le prouve du fait, par exemple, de l’absence de foyer des jeunes travailleurs. Il n’y a pas de solution pour ces jeunes qui veulent se loger quelques mois voire quelques semaines seulement ! Je constate donc avec d’autres bailleurs, publics et privés, et responsables institutionnels qu’il y aujourd’hui une réelle carence, mais attention je ne dit pas qu’aucun jeune ne trouve à se loger ! ! »
La solution pour le candidat socialiste viendrait de la mobilisation des logements vacants et de la sécurisation de la location, « mais pour cela il faut travailler ensemble. »
Concernant le modèle français, il ne fait aucun doute selon lui qu’il faut que conserver car « le logement social est d’une très grande utilité. Mais il faut arrêter de taxer les offices HLM. Ils ne pourront produire que dans ce cas ! Libérons du foncier également pour permettre des réalisations à moindre coût ! Je crois, pour cela, au rôle régulateur de l’État. »
Nicole Eschmann : « Bien entendu, le logement social ne peut pas tout faire. Nous avons besoin des locations dans le privé. Nous, chez les Verts, nous voulons faire comme en Allemagne, c’est-à-dire encadrer les loyers ! Là-bas, ça marche avec un parc privé florissant ! Il faut vraiment que l’État régule pour que chacun puisse avoir un appartement rénové. »
Pour Rémy Rebeyrotte, « il faut retrouver une forme de mixité d’accès au logement social, mais il faut aussi donner plus de moyens pour rénover les logements anciens, en aidant, par exemple, les propriétaires qui ont du mal à rénover leurs appartements. Actuellement, on a plutôt tendance à faire des cadeaux fiscaux pour la construction du neuf. Et cela nous donne des logements neufs vides et des logements anciens, qui ne demandent qu’à être réhabilités, vides également. Il faut vraiment un grand balayage dans ce domaine. »
Delphine CRESSON