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lundi 12 août 2024 à 19:48

Politique



Communiqué :

 

« L’heure n’est pas à la modestie. La flamboyante réussite française pour l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 a regonflé le camp présidentiel qui, dans l’habituelle communication tactile qui le caractérise, pense sans doute que sont définitivement oubliés ses terribles déboires de juin et de juillet.

 

Dans le même temps, profitant des quelques soutiens qu’il peut posséder sur le territoire national, Xavier Bertrand a lancé une offensive de communication pour faire accroire qu’il serait le meilleur et le seul possible pour Matignon.

 

C’est oublier bien vite les élections des semaines dernières. C’est balayer l’expression du suffrage universel, tel qu’elle a été on ne peut plus clairement formulée.

 

Car s’il n’y a pas eu de vainqueur lors des européennes et des législatives, il y a eu à coup sûr deux perdants : la macronie, qui a subi une méga-motion de censure, à défaut de celle que la pusillanimité de certains députés a empêché de permettre plus tôt ; et LR, qui n’arrive pas, malgré la valeur de nombre de ses éléments, à dépasser significativement le score épouvantable de Valérie Pécresse il y a deux ans.

 

Comment, dans ces conditions, pourrait-on imaginer que les deux grands perdants de cette élection soient demain les deux grands vainqueurs de ce qui en constitue en somme le 4e tour : la nomination d’un Premier Ministre et de son gouvernement ?

 

Ce serait la négation flagrante de l’expression de la volonté générale, une offense frontale faite au suffrage universel.

 

Et le peuple ne pourrait accepter que pareilles manipulations, dignes des pires bas-fonds de la IVe République, viennent régenter désormais le jeu politique de la Ve.

 

Force est de constater pourtant qu’aucune majorité alternative ne s’est dessinée. L’agitation pré-olympique du Nouveau Front populaire, désignant dans la douleur une prétendante matignonesque, sortie du chapeau et ne possédant aucune légitimité (et, peut-être, qu’en savons-nous ?, aucune valeur du tout), ne changera rien à l’affaire. Au passage, on remarquera la tiédeur de cette gauche, beaucoup plus hardie à soutenir les islamistes du Hamas qu’à faire plier Emmanuel Macron, lequel a tout de même réussi l’exploit de suspendre le temps politique après l’écrasante défaite qu’il a subie, sans que Monsieur Mélenchon ne s’agite au-delà du minimum syndical pour réclamer une accélération, pourtant légitime, du calendrier. La lâcheté est partout.

 

Pour autant, la gauche n’a pas de majorité. Sa coalition est certes arrivée en tête des élections, mais dans un système parlementaire où le vote de la loi repose imparablement sur la majorité absolue, elle n’en possède donc aucune et par là même ne peut nourrir de prétention exclusive à accéder à Matignon.

 

Il en va d’ailleurs de même du Rassemblement national qui, croyant profiter de l’aubaine de son étiquette par exclusion de toutes les autres, a réussi l’exploit d’aligner, au milieu de candidats souvent estimables, un nombre inédit de coquilles sidéralement vides qui l’ont déconsidéré dans une grande partie de l’opinion. Disons-le tout net, avec le Rassemblement national au pouvoir, le premier risque ne serait pas le retour d’un fascisme fantasmé par la gauche, ce serait la perspective de ne pas être à la hauteur exigée par les circonstances. Et c’est un problème de fond pour l’avenir.

 

Il ne reste donc au président de la République que deux solutions.

La première est un gouvernement de véritable union nationale, en appelant les meilleurs dans chaque formation politique et en leur enjoignant de travailler ensemble ; la seconde est un gouvernement de techniciens.

 

Pour peu qu’elle repose sur une plate-forme gouvernementale minimale, la première solution aurait du panache et, dans l’état actuel de la France, elle ne serait pas dénuée de fondement. Un peu d’unité politique après l’unité olympique recueillerait l’assentiment des Français. Mais comment faire unité lorsqu’on a proclamé d’ores et déjà qu’une formation politique -le Rassemblement national, encore lui- constituait un danger pour la démocratie ? On constate d’ailleurs -lâcheté toujours- qu’on brandit la condamnation du Rassemblement national comme un argument de campagne, mais qu’on n’a évidement pas le courage d’en tirer les conclusions en l’interdisant comme parti. S’il est à ce point un danger, comment expliquer qu’il ait encore le droit d’exister ? Preuve qu’il n’est donc pas une menace pour la démocratie et que ses opposants sont sur ce point des menteurs. 

 

Alors, il ne reste au fond à Emmanuel Macron qu’une seule opportunité : nommer un Premier Ministre technicien, issu de la société civile, reconnu pour ses compétences, et qui s’entourera de ministres non politiques et tout autant reconnus dans les domaines associatifs, administratifs, économiques et militaires qui seront les leurs.

 

Dans l’état actuel de nos finances, face à la dégradation de notre sécurité intérieure et extérieure, devant la montée de l’islamisme et l’accroissement de la pauvreté, ce gouvernement technicien serait tout désigné pour prendre les mesures fortes qui s’imposent et qui, pour ne pas être les plus populaires, n’en seraient pas moins les plus nécessaires, si l’on veut éviter de léguer à nos enfants une France dont les décombres enseveliraient pour eux toute perspective d’avenir.

 

On serait ainsi aux antipodes des calculs politiciens destinés à sauvegarder quelques postes pour la macronie en prenant Xavier Bertrand comme prétexte. 

 

Mes anciens compagnons de LR, je l’espère, ne tomberont pas dans ce panneau, dans lequel le peuple français ne verrait, cette fois-ci peut-être avec plus de colère que de résignation, qu’une nouvelle manipulation venant de l’Élysée.

 

Au fond, il s’agit de tenir de la meilleure manière en attendant mieux. Car c’est tout un système politique qui doit être refondé. Nous vivons l’une de ces époques peu glorieuses, que connaît régulièrement l’histoire française lorsque les fondations de notre édifice national, usées, doivent être repensées et rebâties.

Œuvre salutaire et passionnante qui nous concerne tous et en laquelle les Français, qui n’ont jamais oublié la grandeur, sont à coup sûr majoritaires à espérer. « 

 

 

 

Gilles PLATRET

Maire de Chalon-sur-Saône

 

 






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