Affrontons le mur de l’argent !
Tribune libre de Noël Vouillon, secrétaire de la Section du Mâconnais du PCF
« Pendant la campagne électorale, l’image de Jean-Luc Mélenchon présentant François Holllande affrontant la tempête avec un pédalo avait irrité le Parti socialiste. Malheureusement, aujourd’hui, c’est un fait.
Le grand patronat, la droite et l’extrême-droite vocifèrent tous les jours pour défendre leurs intérêts et le pouvoir socialiste cède sur l’essentiel. Pour répondre aux demandes du capital, il écrase le Travail. Avec le Front de gauche nous l’avions dit : soit on affronte la finance (une petite minorité) et on fait passer l’Humain d’abord (le plus grand nombre), soit on cède devant le mur de l’argent et on enfonce le pays dans la crise capitaliste.
Dans un premier temps, les députés socialistes ont « avalé » sans broncher le nouveau traité européen écrit par Merkel et Sarkozy, traité qui institue l’austérité pour les peuples d’Europe.
Tout l’été, on avait essayé de nous faire croire que ce traité de droite (le MEDEF l’approuvait des deux mains) avait été renégocié. Le 8 octobre, le député socialiste Thomas Thévenoud reconnaissait qu’il n’en était rien mais qu’il allait soutenir Hollande en votant ce traité.
Et voici maintenant, six mois après la défaite de Sarkozy, « le pacte de compétitivité ». Le crédit d’impôt accordé aux entreprises sans véritable contrepartie va profiter aux plus grosses et les profits supplémentaires dégagés iront vers les placements financiers. La hausse de la TVA, malgré une baisse symbolique sur l’alimentation et l’énergie, ce sera moins de pouvoir d’achat et une injustice d’autant plus grande qu’elle pèsera essentiellement sur les revenus modestes. La réduction supplémentaire prévue de 10 milliards d’euros sur les dépenses publiques aggravera encore l’austérité pour le plus grand nombre.
De fait, la majorité socialiste fait sienne l’analyse du patronat : si les entreprises n’investissent pas, compriment les salaires, augmentent la flexibilité, licencient, c’est parce que leurs marges sont trop faibles. Ce serait le « coût du travail » qui freinerait la croissance économique. Rien n’est plus faux. Ce qui asphyxie les entreprises ce sont les charges financières qui vont dans les poches des banques et les dividendes qui vont dans les poches des actionnaires. Les comptes de la Nation en font la preuve (1).
En janvier, Hollande parlait de « courage », de « lutte contre l’ennemi invisible, la finance » puis se faisait élire pour en finir avec les années Sarkozy. Les Français ont tranché. Mais le syndicat des grands patrons, la droite revancharde, les « experts » de l’ultra-libéralisme secourus par le FMI, l’OMC, la Banque mondiale et autres agences de notation se sont tous arc-boutés sur un objectif : obtenir par une guerre des idées ce qu’ils n’avaient pu obtenir par les urnes.
Tous ces rapaces déguisés en pigeons nous ont montré l’efficacité de la lutte. Pour que les espoirs mis dans la rupture avec le Sarkozysme soient entendus par le pouvoir actuel faisons entendre la voix du peuple, la voix des victimes du système capitaliste. Ne tombons pas dans le piège de la division attisé par l’extrême-droite. Rassemblons-nous rapidement pour obtenir d’autres choix politiques permettant au plus grand nombre de mieux vivre. »
(1) Selon l’INSEE, en 2011, les charges d’intérêts payés aux banques par les sociétés non financières et les dividendes versés aux actionnaires totalisaient 309 milliards d’euros, alors que les cotisations sociales – les patrons emploient à tort le mot « charges » – qui financent la protection sociale et sont donc un facteur essentiel de productivité, ne coûtaient que 145 milliards d’euros, soit moins de la moitié.