À l’hôpital de Mâcon
Des agents contre la logique "gestionnaire de l'établissement"
Personnel en grève et en souffrance
Mardi, une partie du personnel de l’hôpital de Mâcon était en grève à l’appel de la CGT. Ce mouvement s’inscrivait dans le cadre de la journée européenne d’actions pour le développement de l’industrie et de l’emploi.
Explications.
Les grévistes reprochent à la direction de l’hôpital d’appliquer « une logique gestionnaire qui prévaut sur tout et qui met les agents fonctionnaires en difficulté. » Ils s’expliquent : « Malgré la confiance qu’on veut instaurer entre le ministère et les hôpitaux, la direction continue d’appliquer les directives de l’ancienne majorité et de recentrer l’activité de l’hôpital sur son cœur de métier, les soins. »
Cela se traduit concrètement par l’externalisation de certains services. L’hydrologie, par exemple, ou la blanchisserie plus récemment.
« La blanchisserie de l’hôpital a été rénovée et pourtant aujourd’hui, la direction a choisi de confier ce service à un GIE (Groupement d’intérêts économiques), explique Alice Devillers, la représentante syndicale. Cela ne va pas sans quelques problèmes : Les blouses ne conviennent plus au personnel soignant. Elles sont aujourd’hui adaptées aux nouvelles modalités de lavage. Avant, on adaptait le matériel au personnel, maintenant c’est le contraire, c’est nous qui devons nous adapter à du matériel qui ne nous convient pas ! »
« On perd cette notion de service public ! »
Une de ses collègues renchérit : « En externalisant ce genre de service, on perd en proximité et en facilité. Que se passera-t-il le jour où les agents du Groupement d’intérêt économiques, à qui cette fonction a été confiée, seront en grève : on n’aura plus de linge lavé ? On ne peut pas les réquisitionner parce qu’il ne s’agit pas d’un service public. On perd réellement cette notion de service public ! »
« On peut aussi considérer qu’à terme le centre hospitalier de Mâcon ne sera plus autonome », poursuit Alice Devillers.
Les grévistes évoquent également les problèmes écologiques d’une telle décision : « On augmente les camions sur les routes ce qui n’est bon ni pour l’environnement, ni pour le nombre d’accidents ! »
La blanchisserie où travaillaient autrefois trente agents est aujourd’hui occupée par cinq personnes qui plient le linge propre qui arrive et le redistribuent aux différents services. Les agents s’inquiètent de ce qui pourrait arriver à d’autres services logistiques : l’entretien des espaces verts, des bâtiments, des ateliers (plombier, électricien…) le magasin, la cuisine, la reprographie…
« Un dépeçage en règle »
« On assiste de la part de la direction à un véritable dépeçage en règle, commente la représentante syndicale. Économiquement, ces manœuvres ont des conséquences bien sûr puisque rien ne dit que l’hôpital réalise des bénéfices là-dessus. Mais socialement, il y a aussi des conséquences sur la vie des agents. »
« Du jour au lendemain, on leur a annoncé qu’ils allaient devoir travailler dans un autre service, intervient une autre gréviste. Quand pendant 20 ou 30 ans, vous faites la même tâche et qu’on vous demande d’un coup de faire une autre formation, c’est dur ! »
Tous dénonce le manque de bienveillance de la direction à l’égard des agents, et même des patients puisque « l’accueil des gens n’est pas conforme à ce que les patients sont en droit d’attendre. Ce n’est pas non plus celui, que nous agents, souhaitons donner. On travaille aujourd’hui en fonction d’un logiciel et non de la réalité du travail. Or, comment quitter son service alors qu’on n’a pas fini ? »
Des journées de 12 heures et beaucoup de souffrances
Les conditions de travail et l’organisation des journées sont deux autres causes de mécontentement : « Aujourd’hui, on nous fait travailler douze heures par jours pour éviter de vous faire revenir à l’hôpital une journée supplémentaire, mais au bout de huit heures consécutives, on voit bien que la capacité des agents est réduite. Ils ne sont plus opérationnels et l’épuisement devient dangereux. On a de la chance qu’une erreur médicale n’ait pas encore eu lieu. Il y a aujourd’hui beaucoup de souffrances dans cet l’hôpital qui assure sa mission grâce aux agents, mais absolument pas grâce aux moyens mis à leur disposition. Il faut bien comprendre que ce sont les agents qui assurent la continuité des soins et non les modalités gestionnaires de la direction. »
La suite ? Une possible rencontre avec le député de la première circonscription, Thomas Thévenoud. « En France, la santé est une des préoccupations principales de la population après l’emploi. Et jamais au cours de la campagne, on n’en a entendu parler. Quand on voit que lors du premier débat entre les deux candidats aux États-Unis, la santé a été le thème central… On aimerait bien qu’ils fassent confiance à chaque agent (…) On dit que les dépenses du personnel représentent 70 % mais c’est aussi 70 % du travail qui se fait. Ce n’est pas un coût, c’est notre richesse. »
D. C.