Santé et solidarité
De la maltraitance à la bientraitance… un travail en réseau des pouvoirs publics et de l'association ALMA 71
La bientraitance
ou améliorer le quotidien des personnes vulnérables
Mâcon accueillait aujourd’hui un grand colloque sur la bientraitance. L’occasion de répondre à de nombreuses questions et de débattre sur ce processus en marche et en devenir qui repose, dans le département, sur une équipe de bénévoles avec l’association ALMA 71 (Allo maltraitante personnes âgées et/ou handicapées) qui travaille en réseau avec les pouvoirs publics.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser la bientraitance n’est pas le strict contraire de la maltraitante. Ce n’est pas parce que vous ne giflez pas une personne, par exemple, que vous la traitez bien par ailleurs. De la même manière, on ne peut pas parler de bientraitance si vous lui donnez à manger quelque chose qu’elle n’aime pas…
Qu’est que la bientraitrance alors ? « La bientraitance, c’est générer une qualité de vie qui s’inscrit dans le projet de vie de la personne vulnérable. Nous devons respecter ses choix, veiller à son bien-être, apporter une réponse adapter à sa vie et l’accompagner », explique Marie-Thérèse Bernabé-Garrido, animatrice de cette journée.
Respect, individualité et dignité… voilà les trois piliers essentiels de la bientraitance qui se construit avec l’individu bénéficiaire. Chaque prise en charge est, en effet, individuelle et particulière. Il faut tenir compte des relations avec les proches de ses besoins, de ses demandes… Cela demande donc un travail de partage et de co-construction avec les usagers, ainsi qu’une exigence de transparence avec les tutelles et les pouvoirs publics. D’où l’intérêt de réunir tous les acteurs sur une journée de travail et de discussion.
À Mâcon, aujourd’hui, une juriste, des représentants des usagers, des gendarmes, la déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité sont ainsi intervenus pour évoquer les mandataires judiciaires, la protection des personnes vulnérables ou encore la prévention des violences aux femmes âgées.
Cette journée s’inscrit dans le volonté de Michèle Delaunay, ministre déléguée en charge des personnes âgées et de la dépendance, de « porter une culture de la bientraitance et de la sollicitude ». Un objectif annoncé le 15 juin dernier lors de la 7e Journée mondiale de lutte contre les maltraitances des personnes âgées.
ALMA 71 écoute, respecte, accompagne, sensibilise…
ALMA est l’association qui, au début des années 90, a dénoncé la maltraitance. Un numéro unique national, le 39 77, recueille depuis, du lundi au vendredi de 9 h à 19 h, tous les appels qui sont ensuite renvoyés vers les centres départementaux où un ou une secrétaire prend en charge les dossiers.
En Saône-et-Loire, l’association présidée par le docteur Jean-Pascal Giraudet, est aujourd’hui composée d’un petit noyau de sept bénévoles, des écoutants (qui prennent les appels) et des référents (qui travaillent avec les personnes pour améliorer les choses). Son rôle : aider les gens qui lui téléphonent et lui écrivent à résoudre leurs problèmes en coordination avec tous les services compétents pour faire cesser la maltraitance et la souffrance avant d’aller vers la bientraitance et l’amélioration du bien-être de la personne quel que soit son âge ou son handicap. « Mais attention, nous sommes là pour conseiller les gens, pas pour faire à leur place », explique-t-on à l’association.
Le centre départemental d’écoute et de conseils est à la disposition du public chaque vendredi de 9 h à 11 h 30 au 03 85 38 92 79. L’association peut également être contactée par mail : alma71@wanadoo.fr
ALMA 71 a en général un dossier à traiter par semaine. 70 % des cas concernent la maltraitance à domicile, la plus difficile à gérer puisqu’elle est sujette à des conflits familiaux, et 30 % la maltraitance dans les établissements.
Elle a failli disparaitre l’an dernier et ne pas souffler sa dixième bougie en 2012. Mais devant son efficacité et son travail, les soutiens n’ont pas manqué. « Les pouvoirs publics vous ont montré qu’on avait besoin de vous, a rappelé aujourd’hui le préfet, François Philizot. C’est une reconnaissance de ce que vous faîtes par l’écoute, le recueil des signalements, les relations et l’accompagnement, aidés par un réseau important et une prise de responsabilité collective de notre société. »
De la maltraitance à la bientraitance, il n’y a, en effet, pas qu’un glissement sémantique, mais bien une ambition générale d’améliorer le quotidien des personnes vulnérables.
D. C.