Autres journaux :

vendredi 3 octobre 2014 à 06:33

Société



 

 

Mieux vaut être riche et en bonne santé

que pauvre et malade

 

Selon une étude de l’Insee qui vient de paraître, 212 000 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en Bourgogne en 2011. Cela représentait 20 000 de plus qu’en 2008.

 

 

Sous l’effet de la crise, la précarité augmente et les inégalités se creusent. Ce seuil de pauvreté est fixé à 977 € pour une personne vivant seule en 2011, à 1 563 € pour un adulte élevant seul deux enfants de moins de 14 ans et 2 052 € pour un couple élevant deux enfants de moins de 14 ans. Il avoisine les 13,2% en Bourgogne, tandis que la population vivant du RSA dans cette même région a augmenté de 6%.

 

 

Pas de quoi sauter au plafond, ni faire chauffer la carte bleue ! Car, à travers les caractéristiques de la population pauvre, se dessine sans ambigüité le profil des plus démunis. En effet, toujours selon l’Insee, il s’agit d’une part, des jeunes qui, pour la moitié d’entre eux, ont moins de 30 ans. Il leur est difficile de s’insérer dans le monde du travail et ils sont souvent issus de familles où les parents sont eux-mêmes dans la précarité.

 

D’autre part, on trouve en grande majorité dans les plus pauvres, des familles monoparentales (en général des femmes seules avec un ou plusieurs enfants). Ces familles, qui sont au nombre d’une sur cinq en Bourgogne, sont particulièrement exposées au risque de pauvreté. Elles cumulent les vulnérabilités puisque loyer, frais de garde des enfants et factures diverses sont supportées par un seul salaire.

 

De plus, ces mères seules chefs de famille sont le plus souvent exposées au chômage et à la précarité de l’emploi (par le biais de contrats précaires ou intérim etc). 
D’ailleurs, sans distinction d’âge, 61 000 femmes pauvres et sans conjoint résident en Bourgogne (contre 26 000 hommes dans la même situation). Enfin, la pauvreté des seniors est principalement le fait des femmes. Se retrouvant seules, elles ne peuvent prétendre qu’à une faible pension ou au minimum vieillesse.

 

facture 2709142

 

 

Alors certes, pour les aider, des prestations sociales sont versées aux plus pauvres afin de leur assurer un minimum de revenus. En 2012, 49 800 Bourguignons percevaient le revenu de solidarité active et 43 400 l’allocation adulte handicapé. 
Dans ces conditions, comment faire face au coût de la vie qui ne cesse d’augmenter ? Les factures arrivent bien plus sûrement dans nos boites aux lettres que des bonnes nouvelles. Et pas question de faire l’autruche en n’ouvrant pas celles-ci, sinon…

 

« Sinon, on a vite fait de vous rappeler à l’ordre par le biais de relance et de menaces de coupure » livre cette jeune maman seule avec ses enfants. Que ce soit EDF, GDF ou Veolia Eau « pas de pitié pour les croissants » comme dirait l’autre. La plupart du temps, ce n’est pas par plaisir que les familles ne règlent pas les fournitures. « Moi, j’aimerais les payer en temps et en heure les factures » se désole Caroline. Ajoutant : « Malheureusement, ma situation ne me permet pas de tout régler en même temps. Alors, c’est vrai, il y a des mois où soit mes enfants et moi mangeons et les factures ne sont pas payées, soit les factures sont payées mais je ne peux pas faire de courses. Et dans ce cas-là, le choix est vite fait… ».

 

Alors, il est peut-être possible de trouver un arrangement, un échelonnement des sommes dues ? Pas toujours, car en général, les structures précitées font le forcing pour obliger les gens à se mensualiser. Et quand on dit forcing, ce serait presque du chantage. Carrément. Ainsi, à Veolia, une abonnée avait pris du retard pour régler sa facture (celle-ci doit en principe être réglée dans les 15 jours). Et bien elle a eu une lettre de relance assortie d’une pénalité de trois euros et au 2e rappel, une pénalité de 12 euros. En très grande précarité, elle demande l’annulation des ces frais supplémentaires. Las ! Son interlocuteur lui demande alors si elle souhaite mensualiser ses versements. « J’ai répondu que non, car pour moi, c’était ingérable. Si toutes les structures prélèvent une somme sur mon maigre salaire chaque mois, il ne me reste rien pour vivre ». La réponse du gars a été immédiate : « Alors je ne vous enlève pas les pénalités ! ».

 

Pour sa part, GDF a mis en place des médiateurs qui, en cas d’impayés, vous proposent des solutions, telles que l’étalement de la dette. Autrement, le client a 30 jours pour régler sa facture. Quant à EDF, la facture est à régler dans le mois également, sinon, c’est la lettre de relance, puis le SMS de relance 48h avant la coupure.
Et le pire est quand aucun arrangement n’a été trouvé (ni aide sociale, ni plan d’apurement) et que la menace de coupure de fournitures est bien réelle. Non seulement la famille n’aura plus ni eau, ni électricité, ni gaz, mais elle devra régler la dette totale avant de retrouver l’usage des fluides. Faire preuve de bonne volonté en ne réglant qu’une partie ne sert donc à rien.

 

facture 2709143

Et la chute de l’histoire est que plus le consommateur est dans la panade, plus on lui appuie sur la tête pour l’empêcher de s’en sortir. Car si certaines structures ne coupent pas (elles peuvent réduire leurs fournitures en ne laissant que le minimum vital en puissance) les autres n’ont aucun scrupule à couper et à présenter la note du déplacement en sus.

 

Ainsi, EDF pratique un forfait coupure / rétablissement à hauteur de 48 euros TTC (sic). Chez GDF, ce sera 56 euros TTC et 70 euros chez Veolia. « Moi, je me rappelle avoir été coupé chez GDF, ils ont compté deux déplacements (un pour la coupure, un pour le rétablissement) et donc facturé plus de 150 euros ! Cher du kilomètre… ». Et pour la petite histoire, l’homme a dû attendre le lendemain soir pour retrouver l’usage du gaz, alors qu’il n’y avait qu’un bouton à pousser pour réenclencher… Quelquefois, on croit rêver. Mais d’un autre côté, ne faut-il pas les punir ces pauvres qui ne peuvent pas payer ? Oups, ceci est à prendre au second degré, bien évidemment.

 

Heureusement, la trêve des coupures de gaz et d’électricité a été prolongée. Elle sera désormais en vigueur du 1er novembre au 31 mars. Quant à la loi du 15 avril 2013, dont le décret d’application date du 27 février 2014, elle interdit désormais à un distributeur de couper l’alimentation en eau dans une résidence principale en cas d’impayé, sauf lorsque la mauvaise foi du client a pu être clairement établie.

 

 

 



Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.


» Se connecter / S'enregistrer