Dans son atelier installé au hameau des Brédures à Pouilloux
Isabelle Nugues, sa vision de la peinture
La lumière du nord, la plus belle
Isabelle Nugues vogue dans l’air, aspire la moindre particule de matière, le moindre éclat de lumière, voit ce que d’autres ne voient pas. « On m’a toujours dit qu’il faut peindre ce qu’on voit pas ce qu’on sait. Je ne suis pas d’accord. On peut peindre ce qu’on voit mais avec une certaine éducation du regard » souligne-t-elle avec conviction. Dans son atelier, une vaste pièce de 100 m2, Isabelle Nugues s’y déplace comme un spectre dans sa blouse maculé de peinture mais l’atmosphère est agréable, même sereine. Ici, les esprits s’apaisent. « Ca me change de mon atelier à Chartres sous les toits, sans trop de lumière. Là, j’ai ce que je voulais avec des ouvertures vers le nord, elles donnent une lumière plus douce, plus stable. Tous les peintres travaillent avec une lumière du nord ».
Le paysage, oui mais pas de façon classique
Le dessin, la peinture, Isabelle Nugues est tombée dedans toute petite, mais ses parents voulaient un enfant ingénieur, alors elle sera ingénieure dans la physique. « Moi, je voulais être médecin » et fera dans le dessin non sans avoir travaillé pendant cinq en entreprise. « Mais ce n’était pas mon truc ». Et un beau jour, avec un mari originaire du charolais, un séjour en gîte à Pouilloux, le couple a acheté une ruine au hameau des Brédures. Ils ont remis chaque pierre à sa place et depuis cinq ans habitent ce lieu enchanteresse. De quoi interpeller notre artiste sur les paysages qui l’entourent. Elle regarde par la vitre : « Mais je ne sais pas comment les aborder… Peut-être par l’aquarelle mais pas du paysage classique» alors qu’elle a bâti sa réputation sur le portrait principalement, les animaux et le nu. Du figuratif. « On se complique trop, moi j’élimine des choses, des détails, des formes ».
Les hommes aiment se mettre nus
Le nu, parlons-en justement. Elle travaille avec des modèles vivants surtout des femmes et organise même des ateliers le samedi après-midi. Toujours avec le même groupe de personnes qui crayonnent pendant trois heures. « Ca permet de rémunérer les modèles ». Et étrangement, les hommes sont très demandeurs pour poser nus, « alors que les femmes, il faut aller les chercher ».
Du nu mais aussi des stages et des cours qu’Isabelle donnent à Pouilloux, Ciry-le-Noble, Génelard ou encore Gueugnon, « parce j’ai besoin de voir du monde, d’échanger » assure-t-elle. A son contact, ses « élèves » comprennent vite sa philosophie, sa manière de concevoir la peinture. « Celui ou celle qui vient me voir, c’est pour modifier sa façon d’être et de faire, il recherche autre chose. Trop souvent il (ou elle) veut faire des choses qui ne lui correspond pas ».
Promouvoir la peinture dans des lieux surprenants
Néanmoins, Isabelle Nugues se heurte, d’une manière générale, à la méconnaissance de la peinture dans la région. « Ici, on fait beaucoup de musique et la peinture est le parent pauvre. Elle mérite d’être plus reconnue. En donnant des cours, j’ai l’impression de prendre mon bâton de pèlerin pour développer la culture de la peinture. Ils apprennent, ça fait avancer les choses. Le regard change ». Isabelle la rebelle, une autre facette de sa personnalité ! Elle aimerait aussi que des lieux, comme l’aérodrome Pouilloux avec ses grands hangars ou encore la Briqueterie à Ciry-le-Noble, puissent accueillir de grandes expositions. Elle a des idées. Donner un élan à la peinture voilà aussi son leitmotiv. Et même si Isabelle Nugues participent, à droite à gauche, à des expositions, elle regrette toutefois que « la peinture ne concerne que très peu de monde ». A moins de se mettre à nu !
Jean Bernard