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mercredi 7 août 2019 à 06:12

Il a exercé son métier pendant 37 ans…

Les anecdotes délirantes d’un facteur à la retraite



 



Ahhh !!! Si tous les facteurs pouvaient parler… Si certains n’osent pas, Charles* lui, nous fait des confidences et raconte les anecdotes qu’il a consignées soigneusement sur un petit carnet, pour ne rien oublier.

37 ans à La Poste, cela marque ! Et si ce facteur adorait son métier, il reconnait que celui-ci a bien changé au fil des ans. « J’étais presque un facteur de campagne et les liens avec les habitants étaient amicaux. Mes collègues et moi leur rendions service et en retour, nous partagions souvent leur repas. Surtout dans les fermes… » se souvient le Montcellien.

Le facteur confident et aidant

Et de raconter que les personnes âgées leur demandaient de leur apporter leurs médicaments, ou de retirer de l’argent pour eux à la Poste. Quelquefois, ils étaient sollicités pour déplacer un meuble ou changer une ampoule.

Et que dire des confidences et secrets reçus au fil des années : « Parfois, j’étais au courant de secrets que même les membres de la famille ne connaissaient pas » relate le facteur.

Aujourd’hui, tout a bien changé. Comme le dit Charles « les facteurs n’ont plus le droit d’entrer chez les gens, sauf si la démarche est contractuelle. Par exemple, comme avec l’opération « Je veille sur mes parents » qui est un service censé maintenir les seniors à domicile, sans troubler leur quotidien.

« Les visites régulières du facteur et la téléassistance permettent d’assurer leur sécurité et de rassurer leurs proches » dit la publicité de l’enseigne. Sauf que ce n’est plus gratuit comme avant. En effet, la Poste annonce des tarifs « à partir de 19,90€ » par mois pour honorer le contrat.

« Plus rien de comparable avec les rapports que nous entretenions avec les gens » regrette Charles. Et l’homme de se souvenir d’au moins trois évènements qui, sans l’intervention du facteur auraient pu tourner au drame. Deux personnes qui ne répondaient pas lors du passage du facteur, et qui ont été retrouvées inanimées, victimes de malaise ou de chutes. Et une autre qui, victime de violences conjugales était à terre, le visage en sang. Toutes ont été sauvées, grâce au facteur.

Une carrière engagée sur un malentendu

A ce stade de son récit, Charles souhaite nous raconter comment sa carrière de facteur a débuté. Avec l’insouciance de ses 20 ans, le jeune homme pense passer un concours pour devenir facteur.

Après avoir réussi cet examen, il est muté à Paris et c’est là qu’il découvre qu’en fait, il a passé la DMT (Direction des matériels et des transports). Charles est apte à conduire les poids-lourds de la Poste, après quatre mois passés à Aubervilliers pour ce faire !

Anecdotes savoureuses

Devenu facteur par la suite, le Montcellien a, durant 37 ans, fait son boulot, avec plaisir. Mais être facteur n’est pas un long fleuve tranquille. Pour preuve, il narre pour nos lecteurs, quelques anecdotes savoureuses.

La pêche des étangs

Lorsqu’il exerçait à la campagne, il se souvient avoir reçu, lors de la pêche d’un étang, de très nombreux poissons, qu’il a stocké dans…un sac en toile de la Poste. Vide évidemment, mais le courrier du lendemain devait avoir des petits relents de marée…

La canicule

Lors de l’épisode caniculaire de 2003, le facteur devait recenser et inscrire les personnes isolées, afin que le facteur les visite de temps en temps. Un monsieur lui demande de l’inscrire en disant : « Inscrivez-moi, comme ça, vous passerez tous les matins et on boira un coup… ».

Mission accomplie

Charles se souvient que lorsqu’il s’arrêtait un peu trop longtemps chez les gens et qu’il devait prendre son repas dans une ferme à 12h45 précises, il gagnait du temps en allant attendre les enfants des habitants à la sortie de l’école pour leur remettre le courrier des parents. « Il faut dire que je connaissais tous les enfants ! Ainsi, je gagnais une heure sur mon retard » rigole-t-il. Et reconnaissant que ce serait maintenant, il serait « viré » sur le champ.

L’invitation

Il est 18h, il fait noir, il pleut à plein temps et Charles, au volant d’un poids-lourd de la Poste, à Paris s’arrête au feu rouge. Derrière lui, le conducteur d’une grosse cylindrée, ne s’arrête pas ! Gros choc au véhicule de la Poste. Lorsque Charles descend de son camion, il s’attend à une altercation, même si l’accident n’est pas de son fait. « L’homme de la grosse cylindrée avait environ la cinquantaine, l’allure bourgeoise et sa compagne était très « classe », a le temps de remarquer le facteur.

L’incident s’étant déroulé devant un bar, le couple offre moult whiskys et un cigare style « barreau de chaise » à un Charles médusé. Un peu plus tard, ils lui proposent de l’emmener avec eux à « une soirée ». « En précisant que la soirée était un peu spéciale, si vous voyez ce que je veux dire ! » rigole Charles. Ce dernier affirme, la main sur le cœur, qu’il a décliné l’invitation…

La nuisette aguicheuse

C’est un jeune collègue débutant qui sonne à la porte d’une habitation, pour y remettre un colis. La dame qui lui ouvre est en nuisette et le fait entrer en tortillant du bas du dos.

Le jeune facteur, qui y voit une invitation explicite, tente une approche. Aussitôt, la femme lui administre deux claques retentissantes et…appelle la Poste pour se plaindre !

 

Les calendriers

C’est l’histoire d’un collègue de Charles qui fait le tour des maisons, en fin d’année, pour y proposer les fameux calendriers des PTT. Vous savez, ceux qui affichent de petits chiens ou de petits chats irrésistibles, dans des paniers…

Vers 23h, l’homme aborde la dernière maison, passablement « chargé » et demande à aller aux toilettes. Un grand moment plus tard, ne le voyant pas revenir, ils découvrent qu’il s’est endormi sur le « trône » !

Remis sur ses jambes avec difficulté, il s’apprête à partir lorsqu’il vomit sur la moquette de ses hôtes ! Joyeux Noël !

Pas à n’importe qui !

Charles en rigole encore lorsqu’il raconte cette histoire. Un de ses collègues, ancien militaire, a bu plus que de raison, alors qu’il est au volant de la camionnette de la Poste, en soirée. Il est chargé de rapatrier le courrier. Mais pas de chance, il a un accident à un feu et il est éjecté de la voiture. Le visage en sang, au sol, il serre contre sa poitrine la « sacoche financière » qui contient pas mal d’argent.

Arrivent sur les lieux le receveur de la Poste et un chef d’équipe, qui entreprennent de récupérer la sacoche. Mais l’homme ne l’entend pas de cette oreille et hurle qu’il ne donnera pas la sacoche à n’importe qui ! C’était son chef !

Sportif !

Charles avait un collègue qui habitait à Montchanin et qui venait travailler à Montceau tous les jours…en courant ! « Combien de fois s’est-il installé derrière son guichet trempé lorsque les vannes du ciel s’ouvraient ! » s’interroge Charles.

Pas malin

Un facteur avait pour mission de trier les colis en partance dans différents sacs (Mâcon, Chalon…). Or, par coquinerie, il faisait exprès de mélanger les destinations (Chalon dans le sac de Mâcon etc). Jusqu’au jour où un inspecteur le prend sur le fait et lui fait sèchement remarquer ses erreurs.

Et l’homme de lui répondre du tac-au-tac « Ben oui, M. l’inspecteur, je sais, mais je ne suis pas malin. Si je l’étais, je ne travaillerais pas à la Poste ».

Pas un peu con ?

Un facteur que nous ne nommerons pas (comme les autres d’ailleurs) se croit plus malin que les autres, lorsqu’en distribuant le courrier chez un gendarme, dont le fils vient d’être embauché à la Poste, lui demande benoîtement : « Dis voir, ton gamin, il est pas un peu con ? ».

Ce à quoi le père lui répond : « Oh que si ! C’est pour ça qu’il est entré à la Poste ! ».

Les foins

Charles remplaçait un beau jour un facteur de campagne. Lors de son passage dans une ferme, la propriétaire lui demande à quelle heure il compte revenir. « Je ne comprenais pas ce qu’elle disait et je me suis contenté de hocher la tête » dira Charles.

Mais arrivé à la Poste, son chef est au téléphone avec la fermière qui lui demande s’il ne peut pas lui envoyer un autre facteur. Surpris, le chef demande des explications.

En fait, le facteur de cette dame revenait toujours en fin de tournée les aider à faire les foins. Donc, celui-ci absent, elle voulait qu’il lui en envoie un autre !

Pandi-Panda

C’était jour de fête à la Poste, où le personnel arrosait un départ en retraite. L’un des facteurs laisse ses lunettes sur la table et s’absente un moment. Lorsqu’il revient, il chausse ses lunettes et se rend sur le lieu des festivités, tout content.

Il voit bien que les gens le regardent en souriant ou en riant, mais ne se doute toujours de rien. Même quand ses collègues lui demandent s’il y a eu « un coup de grisou ».

« Nous avions entouré ses lunettes de graisse noire ! Depuis, nous l’appelons Pandi-Panda, à cause de sa ressemblance ce jour-là avec le célèbre petit mammifère chinois.

Le CV gagnant

Un jeune candidate à la Poste et envoie donc son CV. Outre le fait que celui-ci est criblé de fautes d’orthographe, il conclut par la phrase suivante : « Et en plus, j’ai mon permis de construire… ».

La prothèse mammaire satellisée

Cette anecdote, nous vous la racontons, même si elle parait incroyable ! Mais nous avons la preuve sous les yeux que celle-ci est véridique, puisqu’estampillée du logo de la Poste. Document que nous ne pouvons publier, puisqu’interne à l’entreprise.

Le 9 mars 2007, un pharmacien dépose un colis dans un bureau de Poste du 71. Ce colis contient une prothèse mammaire qui est destinée à une cliente de la pharmacie qui réside dans le Rhône.

Le fameux colis arrive le 10 mars à la plateforme colis de Lyon où il est flashé immédiatement.

Le 20 avril 2007, soit près d’un mois et demi plus tard, le colis n’est toujours pas parvenu à son destinataire. Mais on sait qu’il n’est pas perdu puisqu’il a déjà été flashé 24 fois depuis son arrivée sur la plateforme.

Le paquet se trouve donc toujours sur le tapis convoyeur de la trieuse de paquets à grand débit, sur lequel il passe et repasse inexorablement, défiant le système informatique censé identifier les adresses et déclencher le basculement des plateaux au-dessus des bacs conteneurs.

« Dans ce cas de figure, on dit que le colis est satellisé ! » informe Charles. Ajoutant : « 250 millions d’euros investis dans cette machine ultramoderne, qui figure parmi les plus performantes du monde et qui met 42 jours à livrer cette prothèse à la cliente qui ne sait plus, du coup, à quel « sein » se vouer… ».

Vous disiez ? Triste la Poste ? Oh que non !

A noter que toutes ces péripéties ne sont plus d’actualité. Ce qui se faisait « avant » est bien révolu.

 

*Prénom d’emprunt

 




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