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vendredi 19 juin 2020 à 07:21

Assises – procès de Tarik Attar : le verdict….

condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Valentin Amrouche





 

 

« Je sais que des éléments sont tus, et qu’il y a eu davantage d’acharnement qu’on veut nous le faire croire. » Angélique Depetris, avocate générale du procès de Tarik A., accusé du meurtre de Valentin Amrouche le 18 juillet 2017 à Montceau-les-Mines, a requis ce jeudi 18 juin 2020, la peine maximum : 30 ans de réclusion criminelle, assortis d’une peine de sûreté de 18 ans et puis un suivi socio-judiciaire pendant 10 ans.

 

Des réquisitions tirées au cordeau. « L’enjeu du procès, rappellera maître Forray lors de sa plaidoirie, après les réquisitions, c’est l’intention de tuer. » Pour l’avocate générale, elle ne fait aucun doute, elle étaye sa certitude par l’arme employée (un couteau), la localisation des coups, l’absence de secours, et l’acharnement. « Une situation ubuesque, dit-elle : d’un côté on a 5 plaies, de l’autre on a une excoriation à la main, et une petite plaie de défense, je ne le conteste pas. » La scène racontée par l’accusé, « ce n’est pas la scène qu’on a eue sur les écrans ». Elle parle des photos, et aussi de la visite en 3D de l’appartement en certains endroits nappés de sang séché, en une telle quantité qu’on en reste pétrifié.

 

L’impression que la victime a été achevée

 

« Tarik A. était athlétique, pesait 10 kg de plus que maintenant. La victime faisait 1.65 m, il était blessé à un pied, se déplaçait avec une béquille : il donne l’impression d’avoir été achevé alors qu’il ne présente aucun danger pour Tarik A. » La magistrate décortique ce que les experts ont constaté et les conclusions qu’elle ne tire. « Je ne suis pas là pour faire des hypothèses. Les hypothèses servent à faire avancer une enquête, elles n’ont pas leur place ici. Je m’appuie sur des constatations objectives mais inexpliquées. » Elle se rapporte aux observations du morpho-analyste en traces de sang de l’IRCGN : « Tarik A. ne dit pas tout. Il y a nécessairement des blessures qui ont échappé à l’autopsie, vu la dégradation du corps. »

 

Un crime épouvantable

 

Un indice à charge supplémentaire : « Les insectes qui ont colonisé le corps vont naturellement se loger dans des orifices, naturels, et infligés. Alors pourquoi se sont-ils attaqués à ces parties du corps ? » La tête (beaucoup d’orifices naturels), le bras (blessé), et le cou… qui lui ne comporte naturellement aucune cavité. Par ailleurs, « comment est-il possible, avec la version de Tarik A., qu’on puisse retrouver du sang sur la porte d’entrée ? » L’avocate générale passe au crible tout ce qui a été constaté et ne colle pas du tout avec ce que l’accusé a pu reconnaître.

 

Si… « il aurait épargné cette horreur à la dépouille de Valentin Amrouche »

 

« Vous jugez un acte et un homme », rappelle-t-elle aux jurés. « Un homme qui, après avoir tué, recouvre le corps parce qu’il ne peut pas en supporter la vue, et ce point humanise l’accusé. Mais son humanité trouve des limites, car il va spolier le cadavre de sa victime, prendre ses clés de voiture dans sa poche, il va le toucher et tomber dans le crapuleux. Il dit qu’il n’est plus lui-même mais il glisse un morceau d’allumette dans la serrure. Il part au Maroc, ses parents le trouvent ‘jovial’. Il aurait pu embrasser ses enfants et revenir sur les lieux se rendre, il n’aurait alors pas infligé cette horreur aux parties civiles, il aurait épargné cette horreur à la dépouille de Valentin Amrouche. Il savait que tôt ou tard on serait remonté jusqu’à lui, c’est la pression familiale qui l’a contraint à se rendre. »

 

La défense refait l’histoire

 

Maître Forray dresse un autre portrait, et refait toute l’histoire. L’avocat dit aux jurés de répondre sans hésiter « oui » aux deux premières questions qui leur seront soumises (violences sur Valentin Amrouche, et ces violences ont-elles entraîné sa mort), mais leur demande de dire « non » à la troisième qui porte sur l’intention de tuer. Naturellement il passe rapidement sur les points mis en exergue par l’avocate générale, et s’attarde sur une scène qui n’était pas préméditée. « Tarik A. a réagi. Il a réagi en se saisissant du couteau, il a pris celui qui se trouvait là (pour couper le morceau de cannabis). » Argument principal : la pause, qui selon l’accusé fut paisible, entre les 2 scènes. Personne d’autre que lui ne peut en attester, et la temporalité devient élastique sous l’effet de la plaidoirie : d’1h30, on passe à « 2, 3, 4 heures, on ne sait pas ».

 

« C’était un homme, mais l’accident en a fait un bout d’homme »

 

L’argumentaire veut démontrer que « on ne trouve aucune trace de l’intention d’homicide dans le dossier ». Le psychologue dit que l’accusé est susceptible ? « Quelle est sa mission ? Il se comporte comme un enquêteur. » L’accusé est athlétique ? « C’était un homme, mais l’accident dont il a été victime en a fait un bout d’homme. » La peine requise… « Tarik A. n’est pas ce monstre froid, calculateur, manipulateur, il a voulu assumer ses responsabilités. » Ce furent les tout derniers mots de l’accusé, avant que les débats ne soient clos, peu après 14 heures : « Je veux juste présenter mes sincères excuses à la famille de Valentin, et pour le préjudice subi. Je suis là pour assumer. »

 

« Peut-être que Valentin est mort parce qu’il avait dit ‘fils de pute’ »

 

L’accusation, elle, est restée sur l’impulsivité de l’accusé, sur les violences pour lesquelles il a déjà été condamné (« A chaque fois, il dit n’y être pour rien »), et sur les coups que l’état du corps n’a pas permis de retrouver, mais qui viennent donner toute leur cohérence aux constatations faites sur place. La conclusion est glaçante : « Ça laisse penser que les raisons que donne Tarik A. sont vraies (Cf. « ça a dégénéré pour rien »), et que peut-être que Valentin est mort parce qu’il avait dit ‘fils de pute’. »

 

30 ans de réclusion criminelle

 

Après en avoir délibéré, la Cour et le jury condamnent Tarik Attar à la peine de 30 années de réclusion criminelle, prononce une période de sûreté à 12 ans. Interdiction de porter une arme pendant 15 ans.

 

« De nouveaux coups de couteaux sur une victime déjà affaiblie, et qui recule »

 

La présidente Therme fait lecture de ce qui motive ce verdict. Tarik Attar a reconnu être à l’origine des violences, il s’est saisi d’un couteau, le plus grand, à la lame la plus large, a porté d’abord 2 coups. Il dit qu’après qu’il se soit pansé, et alors qu’il avait fait un malaise vagal, Valentin Amrouche aurait tenté de l’étrangler, mais il ressort des débats que Tarik Attar a une plaie de défense ce qui indique qu’il l’avait désarmé, mais va porter de nouveaux coups de couteaux sur une victime déjà affaiblie, et qui recule, avec une grande violence.

 

La gravité des faits, le comportement adopté par monsieur Attar, qui vole la clé de voiture et la voiture, qui essaie de retirer de l’argent avec la carte bancaire de la victime, qui prend la fuite au Maroc, ses antécédents judiciaires et sa dangerosité criminologique établie par l’expertise psychiatrique, ont conduit à cette peine qui est la peine la plus haute encourue pour meurtre.

 

Florence Saint-Arroman

 

 

 

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