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samedi 7 septembre 2024 à 06:24

80ème anniversaire de la Libération de Montceau-les-Mines



 

 

Les  participants se sont retrouvés sur l’esplanade de l’Embarcadère, à l’abri du soleil sous des barnums pour le temps des discours des officiels.

La Maire Marie-Claude Jarrot a débuté les prises de parole suivie par le Préfet, Yves Séguy.

 

Intervention Marie-Claude Jarrot, Maire de Montceau-les-mines

Aujourd’hui, j’ai l’insigne honneur, le privilège et la grande responsabilité de m’adresser à vous en tant que Maire de Montceau les Mines pour cette cérémonie commémorant le 80ème anniversaire de la Libération de notre ville, le 6 septembre 1944.

Ce rassemblement, traditionnel, cher à nos cœurs, nous permet de convoquer le souvenir de ce jour d’allégresse où les Montcelliennes et les Montcelliens ont repris des mains de l’occupant, le contrôle de leur ville et de leurs vies.

Ce jour-là, la République reprenait ses couleurs malgré les meurtrissures des combats.

Ce jour-là, la République avait le parfum de la Liberté retrouvée.

Ce jour-là, la République retentissait du son des cloches des églises de la ville.

La République, abimée, avait saigné à Montceau.

La République, en guerre, avait tué à Montceau.

Ce 6 septembre 44, ceux qui ont compris que l’acceptation de la guerre c’est la mort, avaient réinventé la vie.

« Combien de luttes a dû mener l’Humanité pour rendre l’homme plus humain ? » s’interrogeait Marek Halter.

Elles furent nombreuses. Et celle-ci fut terrible. Celle-ci érigera des héros au sujet desquels de Gaulle écrira je cite : « L’homme de caractère confère à l’action la noblesse. Sans lui morne tâche d’esclave, grâce à lui jeu divin du héros ».

A ces héros ordinaires ou pas, nous tirons ensemble, et de tout son long, le fil de l’affection et de l’admiration.

 

Le rassemblement de ce jour, il souligne cet indispensable travail de dire, de raconter, de donner à voir, de faire vivre en souvenir et de transmettre en mémoire.

Ce travail, il est l’accomplissement de notre devoir, l’éveil de nos consciences.

Oui. De nos consciences. De ces consciences qui valent mille témoignages.

Ou quand le 5 avril 2022, face à 200 élèves de classe de troisième, une petite dame frêle pose aux adolescents cette drôle de question : « Vous me trouvez normale ? ». « Vous au premier rang, vous me trouvez normale ? », poursuit-elle. « Heu oui », lui répond timidement un jeune homme. Et son interlocutrice de répondre : « Entre 1939 et 1945, Hitler ne me considérait pas comme normale, car j’étais juive ». Cette rescapée des camps elle se nomme Ginette Kolinka. Elle a 99 ans.

Oui. De nos consciences. De ces consciences qui valent mille témoignages.

Ou quand Raymond Renaud, Franc-Tireur Partisan racontera l’indicible de ces 19 mois passés à Buchewald : « Nous avions fini d’être des hommes, nous étions des numéros ».

De ce sombre passé, il retiendra pourtant la solidarité par l’évocation d’un souvenir. Je le cite : « j’avais eu le malheur de fumer une cigarette en cachette avec un camarade. J’ai été condamné à 25 coups de baguette et privé de repas ».

Ajoutant : « ne pouvant supporter de voir les autres manger et moi n’avoir rien dans mon assiette, je suis sorti du réfectoire. À mon retour, mon assiette était pleine, chacun des prisonniers de ma table y avait versé une cuillère de soupe ».

Bref, une preuve, dans le chaos, de cette part d’humanité, cohérence de notre présence humaine sur le ruban du temps, parfois le fil du hasard, pari précieux de ces confessions qui restent vivantes.

Vivantes parce qu’elles nous affectent, elles nous touchent, elles nous plongent dans le détail des existences marquées à jamais par le ressenti des rêves sombres et des afflictions vécues.

Vivantes parce que le vrai tombeau des morts, c’est le coeur des vivants qui entretiennent à jamais la flamme du souvenir.

Vivantes parce qu’elles ouvrent la porte de notre patrimoine commun, peuple de France, peuple de Montceau.

Ce peuple de Montceau, peuple de combattants, peuple de révoltés face à l’ennemi, peuple de volontés montcelliennes qui se lèvent et insistent. 

Où, quand les femmes montcelliennes participeront à la résistance, donnant des nouvelles d’un résistant à un autre, d’un maquis à un autre parfois, transportant des vivres, des renseignements, parfois des armes cachées dans des paniers, des landaus et même des guidons de vélo, assurant les différentes liaisons ou repérant les troupes allemandes.

Où, quand d’autres agiront dans le combat. Je pense à ces Polonais du réseau POWN formant dès le 19 août 44, un camp de soldats situé à Marigny auxquels Les F.F.I. donneront ordre d’observer et de défendre le territoire compris entre Marigny, Montceau-les-Mines et Montchanin-le-Haut.

Où quand le 24 août, arrivera le lieutenant « Topor » qui deviendra commandant du camp regroupant déjà 126 soldats parmi lesquels les aspirants Jedrosz et Osuchowski.

Où, quand 6 septembre, ce même groupe recevra l’ordre d’occuper Blanzy puis Montceau en même temps que les premières unités françaises, mêlant là encore le drapeau français et le drapeau polonais.

Où, quand cette résistance diverse, faites de FTP, de FFI, de membres de l’Armée Secrète, les uns communistes les autres plutôt gaullistes, et d’autres encore, permettra à Montceau de retrouver le chemin de la liberté.

Où quand le Mouvement Ouvrier de la Résistance des mines, créé par ces deux ingénieurs de la Mine, Edmond Dourille et Georges Griveaud auront cette idée unique en France à cette échelle de s’appuyer sur la hiérarchie des Houillères pour recruter les mineurs dans la Résistance.

Cette Résistance de la Mine. Si organisée. Si efficace. Un modèle de Résistance.

Où quand ce même Mouvement Ouvrier de la Résistance, fort d’environ 600 hommes, traversera les arrestations de l’hiver 1944 sans éveiller les soupçons pour organiser le maquis de la Grande-Verrière puis Galuzot. Et son cortège de courage.

Quand la question « comment définiriez-vous le courage ? » a été posée au grand résistant Edgar Marin devenu sociologue, il répondra par ces mots :

« C’est l’art de surmonter sa peur, ajoutant la fameuse parole du vicomte de Turenne, avant la bataille, disant à son corps :

« Tu trembles, carcasse, mais tu tremblerais bien davantage si tu savais où je vais te mener. »

Et il en faudra du courage à ces femmes et ces hommes qui incarnent la Résistance montcellienne faite de cent visages : des glorieux, des anonymes, des soutiers de la gloire, des soldats de l’ombre qui ont patiemment construit leurs réseaux.

Où, quand les bois de l’hôpital de Galuzot serviront de refuge temporaire à quelques-uns des soldats ennemis.

Où quand Transey, alias Edouard, prendra position à la Saule, dominant la voie ferrée, la route et le canal.

Où quand ceux qui formeront ce groupe de sabotage coupant la voie ferrée, maitriseront ce train nazi signalé sur l’axe ferroviaire Paray – Montceau, franchissant le pont de Galuzot, pour accueillir ses occupants par un feu nourri de fusils-mitrailleurs.

Où quand Porrot, Rouan et leurs hommes, parmi eux Louis Boério, participeront à ces combats pour la Liberté.

Où quand, 80 ans plus tard, les femmes et les hommes de mémoire, comprendront avec Victor Hugo que « de quelques mots profonds dont tout homme peut devenir disciple, se forme l’union sacrée des passeurs d’Histoire ».

Une Grande histoire faite de petites histoires.

Celles de ces enfants de la rafle qui se souviendront par ces mots d’innocence : « j’ai vu arriver des milliers de nouveaux copains, dira Marcel. Ils étaient sans leur maman. Mais ils avaient l’air mort. Ils avaient les yeux morts. Ils avaient oublié leur nom. Ils étaient sales de boue et de sang. Je voulais qu’ils soient mes copains mais ils sont partis trop vite dans une colonie de vacances. C’est mon papa qui me l’a dit ».

Cette colonie de vacances porterait le nom de Pithiviers, sur la route de Dachau, sur la route de la mort qui rejoint le ciel dans une fumée nauséabonde, celle des enfants disparus parce que tziganes. Parce que de mère juive. Parce qu’ils étaient simplement des enfants.

La fumée des adolescents qui, avec un esprit riche et généreux, enclins aux thés dansants, aux bals de quartiers des années 1930 ici avec le bal des bouchers, le bal des reines, le bal du carnaval ou encore celui du rugby, portaient l’espoir du bonheur de devenir des adultes.

Ces adolescents qui ont vu leur camarade partir au combat avec un billet sans retour.

Alors, pour éviter de se satisfaire d’une guerre en collection, d’un conflit en Musée, d’une histoire en vitrine, nous avons besoin de présence physique, nous avons besoin de musiques, de textes partagés, de témoignages enlacés, de tout ce qui fait d’une cérémonie une parenthèse qui s’ouvre et se referme sur l’incandescence d’une séquence de France.

Alors, à tous ceux qui soulignent et travaillent au service d’un passé, ici à Montceau, comme ailleurs, qui n’a jamais été autant d’actualité, par les enseignements et les conclusions qui s’en échappent à travers des mémoires parfois asséchées par les larmes, nous disons notre gratitude.

Alors, à tous ceux, quand guettent l’anesthésie et l’amnésie, quand s’endorment les consciences, qui hissent les couleurs d’un élan intact, sans houle ni bourrasque, nous disons notre reconnaissance.

Celle d’un Capitaine GRIVEAU alias FRANCOIS, installé en plein centre du dispositif de Galuzot, tandis que le Capitaine MERCIER se dirigerait vers l’Hôtel de la Bourgogne, place de la Gare et qu’un DUBOIS arrivé en renfort prendrait position tout le long du train.

Celle qui signale un convoi automobile sur la route de CIRY LE NOBLE, puis un second train convoyant des soldats ennemis, des véhicules et des matériels lourds.

Celle des lieutenants PORROT et ROUAN tentant de négocier la reddition.

Celle d’un PORROT, avec un courage extraordinaire, qui se lèvera et intimera à l’ennemi l’ordre de cesser le combat.

Celle de toute une population résistante qui se grandit aussi à travers de petits gestes.

Celle enfin qui décorera Montceau de la Médaille de la Résistance le 24 avril 1946.

Celle de la Liberté retrouvée. La liberté récompensée. La vraie Liberté.

Pas cette liberté vide, cette liberté d’ombres, cette liberté qui ne consiste qu’à changer de prison, faite de vains combats entretenus par l’obscurantisme et guidés par le faux jour. Non, la Liberté de chacun qui passe par celle que d’autres ont perdue, telles ces familles qui pleureront des enfants, des adolescents qui sont allés à la guerre au lieu d’aller à la Mine de laquelle suinteraient par ailleurs les larmes du puits de cinq sous, du puits Sainte-Eugenie, de Plichon ou de Darcy…

Au fond de ces mines, il y avait des travailleurs de sangs mêlés dont le seul drapeau qui comptaient seraient était celui de la France.

Ces étrangers de France composant le Peuple de Montceau en ayant compris qu’il n’y a que deux choses à faire avec un drapeau : ou le brandir à bout de bras ou le serrer avec passion contre son cœur.

Je pense au caporal polonais Guzik qui accrochera le drapeau blanc et rouge de son pays d’origine au clocher de l’église Notre Dame le 1er septembre 1944.

Il n’était pas de ces combattants du lendemain ou autres « Érostrate » en manque de notoriété.

« Utopie ? Idéalisme incorrigible ? » NON. Ce qui fait la force irrépressible de la Résistance et de son étendard de la révolte et du courage qui apparait contre toutes les apparentes fatalités, contre toutes les servitudes en direction d’une certaine idée de la France, d’une passion pour la justice sociale, avec l’impérieux désir d’une Cité harmonieuse et libre. Celle de Montceau les Mines.

Celle de Montceau la sororale qui depuis lors s’enrichit de ses amitiés calabraises, portugaises, polonaises, italiennes, allemandes ou encore françaises de l’Outre-mer qui donnent à croire, à être certains, que l’histoire est vive de ces fraternités retrouvées.

Il y a 80 ans, le drapeau de la liberté́, il était bleu-blanc-rouge, c’était celui de la République, il reprenait vie sur les toits et les façades de Montceau.

Le bleu du ciel au-dessus des puits, le blanc des drapeaux de ceux qui voulaient que cesse le combat. Le rouge des yeux des mamans qui pleurent un fils tombé sous le drapeau de son pays. Pour son pays. Pour notre pays.

Ce mercredi 6 septembre, les festivités ont duré toute la nuit avant qu’un défilé de la victoire ne soit organisé le jeudi 7 sous l’autorité de Pierre-Fernand-Mazuez, redevenu maire et qui, reçut le général de Lattre de Tassigny remettant la médaille de la Résistance au dos de laquelle ces mots qui resonnent furent gravés pour toujours : « grande cité minière dont les qualités de patriotisme, de travail et de courage se sont affirmées avec gloire ».

Cette médaille, ce flambeau de fierté et de courage qui prouvent que c’est en ne cédant rien de ce que les bataillons de la résistance ont posé comme base d’une nation libre et souveraine, que ce territoire montcellien sera digne du combat de ses ainés.

Quiconque sauve une vie, sauve le monde entier nous dit le Talmud.

Quiconque sauve une vie, quiconque se bat comme l’ont fait ces Montcelliens de toutes confessions, de toutes conditions, de toutes nationalités, de tous quartiers, de toutes difficultés, sauve la vie d’un voisin, d’un ami, d’un copain, d’un inconnu.

Que l’homme moderne, l’homme d’aujourd’hui, depuis l’immense déchirure provoquée par la barbarie des jours d’hier, parce qu’il sait qu’à présent tout est possible, ne cesse jamais de cheminer ailleurs que vers le fanatique décor de toutes les dignités ruinées.

Oui, la bêtise et la haine sont toujours bien présentes. Oui, le seul fait d’être juif semble encore aux yeux de certains, désigner une possible victime….

Par-delà l’épreuve collective du passé, par-delà la singularité familiale, spirituelle, c’est toute l’humanité de Montceau que certains désignaient comme desservie par la lâcheté ou la complicité des bourreaux, qui a fait de nos soldats des Libérateurs, des Justes, des Saints laïques qui se sont dressés contre les ténébreuses failles de l’abime.

A jamais, comme nos pères, il nous appartient de construire une société en frères humains, d’où qu’ils soient et quoi qu’ils pensent, une société où les mains tendues l’emportent toujours sur celles qui ferment à jamais les yeux des disparus.

Face à la détresse, nous avons à faire prévaloir les choix qui recueillent, protègent et défendent…

Plus que tout, nous devons partager avec nos enfants la connaissance du péril et celle des réponses qui peuvent permettre d’y parer, à commencer par la fraternité.

Soyons dignes de cet héritage en sachant faire Nation autour de notre République, autour de nos héros, et face aux défis qui se dressent.

Alors, aux Résistants qui ont libéré Montceau, à l’âge des serments invincibles, posons cette question : est-ce ainsi que les hommes meurent ?

Oui. Malgré les larmes. Et parce qu’ils étaient des hommes, des femmes aussi, libres. Français d’espérance.

Certains diront « je ne suis qu’un soldat qui meurt pour la France. Je sais pourquoi je meurs et j’en suis très fier ». Parfois, juste avant leur exécution.

En ce 6 septembre 1944, ce sont bien des pactes de sang versé, scellés entre ces impérieux destins et cette intraitable majesté qui conduit notre ville depuis toujours et pour toujours, vers la Liberté.

La mort n’a pas vaincu la liberté.  Elle l’a élevée à la hauteur de la France, à la dimension de la postérité de notre ville, à la grandeur de l’éternité des esprits.

Par elles, par leurs volontés unies, dépassant leurs différences, les Libérateurs de Montceau partis les âmes à la main, ont rejoint désormais la famille universelle.

Leur sacrifice a percé le silence pour devenir charité des combattants. Cette Charité qui est patrie quand elle est vraie. Patrie de France. Patrie de Montceau.

Alors, en souvenir des visages de ces Montcelliens animés de charité, eux tous, vestales et porteurs de ce souvenir vivace, eux tous qui ont entretenu comme un feu sacré le récit des hauts-faits dont Galuzot fut le théâtre ensanglanté, nous faisons de leur combat le modèle d’une vie offerte à la Liberté.

Alors, en souvenir des libérateurs qui partageaient une certaine idée de leur ville, venus de cent horizons, porteurs de mille contradictions, mais rassemblés par la grandeur de l’exigence d’une ville retrouvée, d’une ville libre, nous faisons de leur acharnement à prouver qu’en art, comme dans la vie, le modèle qui réussit le mieux en petit ne peut s’exécuter en grand qu’à la seule condition qu’il soit voulu et décidé en une miraculeuse démesure, une référence morale.

Aux défenseurs de notre patrie montcellienne, aux passeurs de mémoire, aux combattants d’un siècle, à ceux dont le passé courageux et le présent glorieux permet à l’avenir de lui donner l’image du symbole que « notre existence se trouve entre deux éternités », Montceau la reconnaissante.

Vive Montceau ! Vive la République ! Et Vive la France !

 

Intervention du Préfet de Saône et Loire, Yves Séguy

« De nombreux moments de bravoure ont eu lieu entre le 4 et le 10 septembre 1944 qui conduisirent à la libération du département.(…)

Sur le bassin, les gueules noires refusèrent l’asservissement. Les FFI entrent dans Montceau, s’en suit la bataille de Galuzot, près de 700 prisonniers allemands, en saluant l’implication du maquis polonais.(…)

Montceau fut libérée par les résistants. Deux jours plus tard, les troupes du général de Lattre de Tassigny  entrent dans la ville.(…)

En ce jour, nous rendons hommage à Montceau, à ses habitants, aux résistants, aux compagnons de la libération, à tous ceux qui n’ont jamais cédé à la tyrannie et à la barbarie. En 1946,la ville fut décorée de la médaille de la Résistance. Nous devons nous rappeler ce que ces hommes ont fait.(…)

De nos jours, nous aspirons à une République unie et laïque. C’est en nourrissant notre mémoire que nous pourrons lutter contre les courants contraires.(…)

Nous avons le devoir impérieux de transmettre cet héritage.

Etre Français, c’est être ensemble ! »

 

Cette séquence de cette journée anniversaire s’est terminée par la prestation de la chorale Melodia qui a interprété 4 chansons de résistance, deux titres en français et deux titres en polonais.

 

J.L Pradines

 

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