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mardi 21 janvier 2025 à 06:09

Ce qui est dur c’est la fin du mois surtout les 15 derniers jours



 

En fait un Français sur 4,55 soit 22% ont  répondu à l’enquête CSA Research pour lesfurets.com que leur compte en banque criait famine dès le 16 du mois. L’an passé le découvert arrivait le 17. Non seulement cela se produit de plus en plus tôt depuis une dizaine d’années mais cela concerne de plus en plus de personnes.

L’étude démontre que  ce sont les catégories populaires qui patissent le plus de cette situation, environ 32%, comme les locataires à  un tiers. Il y a aussi une disparité géographique, les   régions où le découvert bancaire dès le 16 touche le plus de monde sont : la Bourgogne-Franche-Comté (38%), les Hauts-de-France (34%), le Centre-Val de Loire (28%). Bizarrement ce ne sont pas les régions dans lesquelles le salaire moyen est le plus bas même si elles se trouvent dans le classement des régions aux revenus les plus bas, ni les loyers les plus hauts (en moyenne 11€ le m2 contre 14 sur le territoire national et 20€ dans certains départements.)

Rappelons que d’après les dernières statistiques de l’INSEE sur le sujet 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire soit 14,4 % de la population.

Il n’y a pas un clivage sociologique ou générationnel. Tout le monde parait affecté par cet état à un moment ou un autre. Effectivement on trouve une proportion plus élevée chez les 18-24 ans, 29%, et plus encore chez les 25-34 ans avec 35%. Notons que 34% des parents ayant au moins un enfant figurent dans le camp des budgets mensuels à découvert dès le 16 du mois. La proportion de personnes à découvert chaque mois ou presque est encore plus élevée chez les jeunes (29% des et 35% des 25-34 ans) ainsi que chez les parents ayant au moins un enfant de moins de 15 ans (34%).

Cet état touche particulièrement les chômeurs (35,3 %), mais pas seulement car parmi les personnes ayant un emploi on trouve 18,3% des travailleurs indépendants sont plus vulnérables 6,1% des salariés (en sachant qu’un fort pourcentage est juste au dessus du seuil).

Une particularité : 10,8 % des retraités vivant à domicile sont sous le seuil de pauvreté soit moins que les 14,4 % de la population vivant dans un logement ordinaire. Il est à noter que les familles monoparentales  sont  plus concernées que les autres avec 31,4 %. Les immigrés figurent pour 32,5% sous le seuil de pauvreté et en particulier 37,5% des originaires d’Afrique.

Vivre en dessous du seuil de pauvreté n’induit pas forcément être à découvert le 16 du mois, ou pas toujours. Certaines personnes, certains couples se passent de tellement de choses, sacrifient tant dans leur vie quotidienne, que même en dessous du seuil de pauvreté ils se feront un devoir de ne pas être à découvert. Pas un marqueur d’une France dite « d’en bas », la plus précaire, non plus. L’enquête CSA Research pour lesfurets.com montre que cette situation touche toutes les couches de la société et que beaucoup de CSP+ connaissent de temps à autre un étiage négatif de leur compte en banque.

 

Quelles sont les causes de cet état de choses ? Le poids des dépenses contraintes, 33% du budget familial : loyer, énergie, eau, et aussi, même si ces dépenses peuvent être réduites ou zquizzées dans certains cas : assurances auto et/ou habitation, mutuelle santé, abonnement box internet ou téléphone. Il apparait que de plus en plus de gens se privent de soins, la DREES indique que 5% des ftançais n’ont pas de mutuelles soit 3 millions. Une étude a montré que 63% des français ont déjà renoncé à un moment ou un autre à des soins ou des interventions, soit parce qu’il n’y avait pas d’offre publique sans dépassement d’honoraires, soit parce qu’ils n’avaient pas de mutuelle, ou disposaient d’une couverture très insuffisante.

Le facteur aggravant de cet état des choses c’est que se trouver à découvert conduit à alourdir ses difficultés financières avec les agios et les commissions d’intervention que les banques facturent allègrement en augmentant toujours plus leurs frais. La loi plafonne à 8€ par opération et 80€ par mois les interventions des banques, facturation réduite à 4€ par opération et 25€ par mois  pour les personnes identifiées en situation de fragilité financière. Cela conduit certains à multiplier, pour faire face, les crédits à la consommation. A terme c’est l’interdiction bancaire, le surendettement. La catastrophe.

Depuis des décennies, les candidats aux élections, les gouvernements, parlent de salaire des mères de famille, de revenu universel, etc. Mais rien n’a été mis en place jusqu’à présent. L’inflation même ralentie n’est pas couverte par une hausse équivalente ou supérieure des salaires, donc de plus en plus de gens vont se trouver à  découvert dès le 15 du mois, puis peut être le 14.

 

Mais espérons que nous n’en viendrons pas à ce que disait Coluche : « Ce qui est dur c’est la fin du mois surtout les 30 derniers jours »

 

Gilles Desnoix

 

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