La Claudine aime les Week-ends, mais parfois le lundi est le bienvenu
Enfin, la semaine est finie, le week-end aussi, vive la nouvelle semaine !
La Claudine a eu du mal à ne pas s’énerver devant le poste de télé, devant la presse toute cette semaine écoulée. Tout lui parait cul par-dessus tête dans notre monde moderne et dans notre France qui n’en finit pas de s’étioler.
Son étonnement proche de l’incrédulité a été causé par un ensemble d’articles portant sur le fait que des maires utilisent des agences pour recruter des médecins pour combler les départs en retraite des praticiens locaux. Des agences de recrutement pour trouver un médecin afin d’occuper le cabinet dorénavant vide d’une maison médicale ? Quelle idée saugrenue, pourtant ça a marché à Cousance (39) et à Saint-Germain-du-Bois (71). Pour recruter un tourneur fraiseur, d’accord, mais un médecin généraliste ? Et il faut voir les ponts d’or qui leur sont faits, soupire Claudine qui elle a du mal à trouver un plombier. Elle a lu aussi que le CHU de Nantes organise un job dating pour recruter des soignants à l’hôpital Saint-Jacques. Et du coup elle s’est aperçue que cela se fait régulièrement depuis au moins 3 ans en France. Les bras lui en sont tombés, elle qui avait un profond respect pour les blouses blanches, voilà qu’on les recrutait comme de simples caissières ou magasiniers, sans vouloir être péjorative pour ces dernières professions très honorables.
Aiguille sur la seringue, voilà-t-il pas que des infirmières de bloc opératoire manifestent pour protester contre le fait que pour pallier la pénurie on pense à réduire le temps de formation spécifique. Et si cela s’arrêtait là. Hélène Salette, directrice générale du SIDIIEF (Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone) s’insurge contre des perspectives et des pratiques dans certains pays ou certains établissements comme le recrutement international intensif et la mise en place de formations accélérées ou réduites afin d’amener plus rapidement du personnel sur le terrain.
Dans le climat incertain français actuel, la Caudine a bien conscience que tout ne peut aller parfaitement pour le mieux, alors après le marché du samedi matin, elle a essayé de se changer les idées en regardant Arte et ses documentaires. Mais en jetant un œil au journal, son moral a appuyé sur le bouton descente de l’ascenseur émotionnel.
D’après l’enquête flash menée par SAMU-Urgences de France du 9 au 12 janvier 2025, une tension majeure et généralisée touche les établissements de santé dont 85 % ont activé un plan « Hôpital En Tension » (HET), 37 % ont déclaré un plan blanc, et 9% s’apprêtent à le déclencher. Les raisons de cette tension sont à 90 % dues à la saturation des services d’aval des urgences, à 79% dues à l’activité épidémique accrue et pour 69% dues à l’afflux massif de patients aux urgences. Bien entendu, très souvent, il y a pluralité de causes.
Et à longueur de bulletins d’informations on parle d’interventions reportées pour faire face aux afflux de malades. De quoi faire paniquer même les personnes en bonne santé.
Les urgentistes, comme des cadres hospitaliers, viennent sur les antennes raconter des quotidiens exténuants, frustrants, où la maltraitance des patients tient une place dans le désespoir que certains affichent.
La Claudine n’a aucune envie de tomber malade, de tomber tout court d’ailleurs, tellement ce que l’on décrit du milieu hospitalier lui fait craindre le pire. Elle se conforte en se disant qu’elle est valide, en bonne santé et autonome, alors pourquoi s’inquiéter ? Et puis patatras les statistiques terribles qui reviennent hanter les écrans : le nombre de médecins généralistes en France est passé de 92 478 en 2012 à 81 192 en 2025. Dans le même temps, la population a évolué à la hausse de 65,8 millions d’habitants en 2012 à 68,61 millions en 2025. Soit 1 médecin pour 711,52 habitants en 2012 et 844,98 en 2025. Et parce que c’est toujours jouissif d’appuyer là où ça fait mal, le tableau des variations départementales de médecins généralistes en activité sur la période 2010-2022 précise que début 2023, la Saône-et-Loire accusait une variation de moins 12,40% du nombre de préticiens. Ce n’est pas le département le pire, mais il reste dans les plus mal dotés.
Oui, vraiment, c’est bon que le lundi arrive pour se changer un peu les idées et que la Claudine cesse de tourner dans sa tête que « dorénavant, on ne parlera plus de médecine à deux vitesses, mais de médecine au rabais. »
Gilles Desnoix