La Claudine aime les Week-ends, mais parfois le lundi est le bienvenu
France Eau Publique l’annonce comme une certitude inéluctable : l’eau potable verra son prix augmenter de 50 % d’ici à 2030.
Le sang de la Claudine ne fait qu’un tour en écoutant cela. Elle relit encore une fois, va sur le Net et se rend bien compte qu’il ne s’agit pas forcément d’une annonce en l’air.
Entre l’augmentation des coûts énergétiques pour pomper l’eau, la stocker, la purifier et l’acheminer jusqu’aux foyers et la menace sur la ressource que le changement climatique fait peser, les compteurs s’affolent.
Comme à son habitude, la cour des comptes distille ses mauvaises nouvelles en oiseau de mauvaise augure de la santé économique du pays. Forte de sa majesté de Cassandre officielle, elle a constaté, dans un rapport, une diminution de 14 % de l’eau renouvelable disponible au cours de la période 1990/2018 et alerte sur une tendance constante qui pourrait atteindre 30 à 40 % d’ici à 2050. Des 200 litres par jour en moyenne par personne consommés en France, nous en serions à seulement 140 ou 120 disponibles en 2050. Chacun peut constater que les réserves d’eau, les nappes phréatiques sont de plus en plus fréquemment asséchées, notamment en période estivale. Cela devient le marronnier de l’été.
Plus une chose est rare, plus son prix est élevé, la Claudine elle sait ça. Ce qui complique et même complexifie les calculs, c’est l’état global du réseau d’eau potable français, composé d’infrastructures anciennes, dont l’entretien et le nécessaire renouvellement nécessiteraient (nécessiteront ?) des investissements massifs qui se montent à des sommes pharamineuses et qui, outre les perturbations que cela générerait, augmenteraient obligatoirement les coûts dans d’énormes proportions.
Et il n’y a pas que cela, les infrastructures de traitement des eaux doivent être repensées aussi pour faire face aux pollutions diverses dont les fameux Pfas et le chlorure de vinyle monomère. Sans compter la lutte contre les contaminants courants présents dans l’eau du robinet, dont une liste est fournie par Ecowater system’s sur son site : https://www.ecowater.com/fr/shopping-guide-fr/water-contaminants-guide/
On y trouve pêle-mêle : eau dure, chlore et chloramines, le fer, le manganèse, l’hydrogène sulfuré, sédiments et eau trouble, PH bas, arsenic, plomb, nitrates, microbes, résidus pharmaceutiques.
Pour finir cette joyeuse liste, on pourrait aussi ajouter nanoparticules de plastiques, radioactivité. Car le CRIIRAD nous a appris par une de ses enquêtes l’étendue de la contamination au tritium dans l’Hexagone. Selon les données recueillies entre 2016 et 2024, pas moins de 9,6 millions de personnes seraient exposées à des niveaux significatifs de tritium dans leur eau du robinet. Ce chiffre alarmant pourrait même être sous-estimé.
Donc, l’eau en bouteille a fait l’objet de scandales chez les grands groupes internationaux et elle est très chère à environ 530€ le m3 et l’eau du robinet est moins chère à environ 4,52€ TTC le m3 mais s’avère dangereuse, la Claudine y perd son latin et conçoit des inquiétudes légitimes. D’ailleurs pour son foyer, la note de CMonO correspond à l’année au prix du m3 d’eau d’Évian par exemple.
Comme dirait l’autre, « il coulera encore de l’eau sous les ponts avant que l’on trouve une solution à tout ça »
Gilles Desnoix