Montceau : Ancienne pilote de ligne
Révoltée contre ses parents et contre la société, les portes claquaient derrière elle. À l’adolescence, Isabelle Bacquenois n’avait qu’une certitude : elle ne voulait pas d’une vie étriquée, dictée par les autres.
« Tout était non-sens pour moi : autant cette société ultra consumériste qu’on me proposait, que les religions qui se faisaient la guerre. Ce monde, je n’en voulais pas ! » raconte Isabelle.
Ajoutant : « D’autant que très tôt, je percevais d’autres choses. Des choses que les gens « normaux » ne sentaient pas. Etais-je folle ? ».
Je rencontre l’amour
Heureusement, l’amour a fait irruption dans sa vie, sous la forme d’un jeune garçon fou et rebelle. Comme elle…
Dans le tumulte de la jeunesse, ils étaient inséparables, deux âmes incendiaires consumées par un amour aussi ardent qu’imprévisible. Leur folie se nourrissait l’une de l’autre, défiant les règles, bousculant le monde. Ensemble, ils avaient cru pouvoir tout briser, sauf le destin.
Je suis complétement perdue
Mais le temps, cruel et implacable, avait tracé un sillage, que même eux ne pouvaient ignorer. La séparation arriva comme un crash inévitable, laissant en elle un vide abyssal, une douleur plus brûlante que toutes les rébellions qu’ils avaient partagées.
« Je me sentais comme propulsée dans la vie, sans aucun moyen pour naviguer, ni pour traverser les tempêtes » se souvient la jeune femme.
Je découvre Jean Mermoz : je serai pilote !
Alors que tout semblait perdu, un livre entre ses mains, un nom qui résonne comme un appel : Jean Mermoz. Son regard glisse sur les pages et, avec elles, un autre horizon se dessine. Elle découvre dans le récit du pionnier de l’Aéropostale non seulement l’histoire d’un homme audacieux, mais le reflet d’un rêve qu’elle ne savait pas encore sien : voler.
« Cela a été le flash ! C’était décidé, je deviendrais pilote. Nous étions en 1987, j’avais 27 ans… » poursuit-elle.
L’aviation devient son échappatoire, sa renaissance. Là-haut, elle retrouve cette exaltation qu’elle croyait avoir laissée avec son amoureux. Mais cette fois, ce n’est plus l’amour fou qui l’emporte, c’est le ciel, vaste, impérieux, sans limites.
27 ans hors de la France
Isabelle, à force de volonté devient pilote-instructrice et elle quitte la France pour devenir pilote de brousse en Guyane (de 1993 à 1997), où elle va voler 5 ans sur la forêt amazonienne. Elle y transporte des passagers et des vivres, mais aussi des médicaments. Elle trouve ce département fantastique où les moyens de communication se résument aux grands fleuves…
« Cependant, si je m’enivre d’aventures, mon cœur saigne encore de la douloureuse rupture avec mon amour. Alors je me lance de nouveaux défis en décidant que cette fois, je serais pilote de Boeing ! » décide celle qui est née le 11 décembre 1959 à Châlons-en-Champagne, mais qui a grandi à Lyon. Après être passée par l’école Jean Mermoz et le lycée Saint-Exupéry (tiens, tiens… deux aviateurs ».
La future pilote obtient une qualification Boeing 737 au Maroc, puis trouve un job en Nouvelle Calédonie, en 1998.
« A l’autre bout de la terre, je vis de nouveaux rêves. Voler au-dessus du Pacifique est un bonheur étourdissant. Je voulais y rester jusqu’à la fin de ma vie ! » s’enflamme Isabelle.
Précisant : « Malheureusement, les dirigeants de cette compagnie aérienne en décident autrement : je suis renvoyée, de manière tout à fait injuste et illégale ». Elle pleure, elle est désespérée.
Le yoga, mon sauveur
Mais dans sa tête, une petite lumière s’est allumée, car en 1999, elle a découvert le yoga. Et quelque chose lui dit que cette discipline la sauvera…
A cette époque, Isabelle Bacquenois a 40 ans : « J’ai mal partout, dans mon corps, dans ma tête, dans mon cœur aussi. Et dès les premières sessions de yoga, je sens qu’une porte s’ouvre, des tensions lâchent, des compréhensions apparaissent ».
Je pars en Inde, à l’Université du Yoga
La jeune pilote bouge encore beaucoup : l’île de la réunion en 2000, l’Australie en 2001, la Belgique en 2004. C’est en Australie que lors d’un séminaire de yoga, près de Melbourne, qu’elle rencontre un maître spirituel indien. C’est un flash d’une intensité jamais rencontrée.
A tel point qu’Isabelle décide tout quitter : « l’Australie où je projetais de vivre pour toujours et l’aviation que je mets en pause en l’oubliant » livre-t-elle.
Tout quitter, oui, mais pour partir où ? En Inde, à l’Université du Yoga du Bihar, dont le maître en question, Swani Niranjan en est le directeur à l’époque.
A suivre dans un prochain épisode la vie fabuleuse de cette ancienne pilote de ligne.
Nelly Desplanches