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jeudi 6 mars 2025 à 06:55

Société : Ils ont plus de 70 ans…



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Dans l’imaginaire collectif, la retraite est souvent associée à une période d’aisance, marquée par la liberté de voyager, de profiter de loisirs et de savourer le fruit d’années de travail. Cependant, cette vision idyllique est très loin de correspondre à la réalité, pour une grande partie des retraités.

En effet, la retraite, souvent perçue comme un moment de repos bien mérité après des années de travail acharné, ne rime pas toujours avec tranquillité et insouciance. Pour un nombre croissant de retraités (on en compte 503 000 parmi les 55 ans ou plus, dont 171 000 parmi les 65-69 ans), cette étape de la vie est marquée par une réalité difficile : la nécessité de continuer à travailler pour subvenir à leurs besoins.

François, 70 ans

Avec une retraite d’à peine 1000 euros (avec la complémentaire) François travaille toujours, malgré une carrière longue. « Mon épouse et moi, n’arrivons plus à faire face aux factures, loyer, chauffage etc…J’ai repris un travail certes mal payé, mais cela met un peu de beurre dans les épinards. Et nous prions le ciel de préserver notre santé, car si je tombe malade, je perds mon travail, et nous n’aurons plus de toit sur la tête… et pas les moyens de nous soigner ».

Jacqueline, 68 ans

Jacqueline est une maman qui a élevé seule ses enfants et qui a toujours travaillé pour leur assurer le gite et le couvert. « J’ai eu des périodes où je n’ai pas travaillé pour pouvoir les élever lorsqu’ils étaient petits. Jusqu’à la ridicule revalorisation des retraites, je touchais environ 860 euros (avec la retraite complémentaire).

J’ai fait valoir mes droits à la retraite à 60 ans, mais à peine quelques mois plus tard, j’ai compris que si je ne retournais pas au boulot, je ne m’en sortirais pas. Je pense travailler jusqu’au bout, car vu la conjoncture actuelle, les choses ne vont pas s’améliorer… ».

Richard, 71 ans

J’étais ouvrier dans une usine et j’y suis resté pratiquement toute ma carrière professionnelle. J’ai vu arriver ma retraite avec impatience, pour pouvoir souffler un peu et profiter un peu de la vie.

Il raconte, très remonté : « J’ai décidé de reprendre un emploi l’année qui a suivi. Car non seulement je ne pouvais profiter de rien à cause du coût exorbitant de la vie aujourd’hui, mais j’accumulais les dettes ».

Ajoutant : « Pour couronner le tout, j’ai dû subir une intervention chirurgicale qui m’a immobilisé plusieurs mois, et j’ai eu la très désagréable surprise d’apprendre par la CPAM que je ne bénéficierai des indemnités journalières que durant 60 jours ! Du coup, j’ai été quatre mois, en arrêt de travail, non indemnisé ! ».

Précisant : « Et lorsque j’ai dit à la personne de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) que je cotisais pourtant et qu’il n’était pas normal que je ne sois pas indemnisé lors d’un arrêt de travail. Sa réponse m’a stupéfié : « Vous cotisez certes, mais pour les autres !!! Un vrai scandale ! ».

Effectivement, les retraités qui reprennent une activité professionnelle cotisent sur leurs revenus, mais ces cotisations ne leur ouvrent généralement pas de nouveaux droits, comme une augmentation de leur pension ou des indemnités maladie. Ces cotisations servent à financer le système global de la sécurité sociale et de retraite, ce qui profite à l’ensemble des actifs et des retraités.

A savoir

Le fameux décret n°2021-428 du 12 avril 2021

Celui-ci prévoit la limitation du nombre d’indemnités journalières, dont peuvent bénéficier les personnes ayant atteint l’âge légal de la retraite et qui sont titulaires d’une pension vieillesse, à 60 jours.

Ce compteur de 60 jours n’est pas réactualisé chaque année. Chaque arrêt de travail vient s’ajouter au compteur quelle que soit l’année de l’arrêt jusqu’à ce que les 60 jours soient atteints.

En gros, les retraités qui travaillent encore, ont droit en tout et pour tout, à 60 jours d’indemnités journalières. Et ce, pour le reste de leur vie.

Et s’ils sont malades à nouveau ? Tant pis pour eux…Trouvez-vous cela normal, chers lecteurs ?

 

Des métiers souvent précaires

Lorsqu’ils retournent sur le marché du travail, ces retraités se retrouvent fréquemment confrontés à des emplois précaires ou peu adaptés à leur état de santé et à leur âge. Travail saisonnier, missions temporaires ou petits boulots deviennent leur lot quotidien pour combler les trous dans leur budget.

Les profils des retraités actifs par obligation

Ce phénomène touche particulièrement les individus qui ont exercé des professions faiblement rémunérées, ou dont les contributions sociales n’étaient pas régulières. Il inclut également ceux ayant rencontré des imprévus financiers, tels que des frais médicaux élevés ou des dettes accumulées. Pour eux, travailler devient une nécessité, et non un choix.

Quelles sont les principales raisons des pensions insuffisantes ?

Les pensions insuffisantes résultent de plusieurs facteurs : faibles revenus pendant la carrière, carrière incomplète, réformes des régimes de retraite, inflation et coût de la vie

La revalorisation des pensions ne suit pas toujours l’augmentation du coût de la vie, ce qui réduit leur pouvoir d’achat au fil du temps.

A noter que certaines catégories, comme les femmes, les indépendants ou les travailleurs de l’économie informelle, sont plus susceptibles de percevoir des pensions réduites en raison d’inégalités structurelles dans les systèmes de cotisations.

 

Les impacts physiques et psychologiques

Si certains retrouvent dans ce prolongement d’activité un moyen de maintenir un lien social ou de rester actifs, pour d’autres, cette situation est synonyme de fatigue, de stress et de frustration. À un âge où ils devraient pouvoir profiter pleinement de leur retraite, ils se voient confrontés à des contraintes qui peuvent altérer leur qualité de vie.

Une problématique sociale

Cette situation met en lumière des lacunes dans les systèmes de retraite et pose la question de leur adaptation aux réalités économiques actuelles. Des solutions, telles qu’une revalorisation des pensions ou une meilleure prise en charge des dépenses de santé, pourraient permettre de soulager ces retraités qui travaillent par obligation.

Les taux de prélèvements sociaux

Les retraités travailleurs privilégiés ? Pas vraiment. Comme le livre Danielle, 67 ans, « Nous les retraités qui travaillons pour survivre, on trouve encore le moyen de nous taxer de façon éhontée. Ainsi, la caisse de retraite m’informe qu’en février 2025, mes taux de prélèvements sociaux appliqués sur ma retraite seront les suivants :

CASA (Contribution de Solidarité pour l’Autonomie) 0,30%

CSG imposable (Contribution Sociale Généralisée) 2,40%

CSG non imposable 5,90%

Contribution remboursement de la dette sociale 0,50%

Et cerise sur le gâteau, les impôts n’oublient pas non plus de nous taxer allègrement.

Alors les retraités qui travaillent, cela vaut-il vraiment le coup ? Pas sûr…

Nelly Desplanches

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