La Reine du ciel, la cour de la Reine
Une aviatrice de haute voltige
En France nous ne connaissons jamais le nom de nos héroïnes… prenez un p’tit gars dans la rue et à brule pourpoint demandez-lui les noms d’aviatrices Françaises célèbres, il vous sort quoi ? Le panel accoutumé… Maryse Bastié, Hélène Boucher, Jacqueline Auriol pour les plus connues, Maryse Hilsz et Marie Marvingt pour les spécialistes…mais, oui, mais, il y en une autre qui certes n’a pas été la 1ère femme à traverser l’atlantique comme l’américaine Amélia Earhart, mais qui a été une championne de la voltige, pilote de ligne, instructeur… pardon la 5ème instructrice de l’aéroclub de Pouilloux… la reine des airs… Reine Lacour… la seule, la vraie, l’unique…comme toutes les reines.
Stéphane Stépien a trouvé sa vocation dans un vol de Bombardiers américains qui allaient bombarder le Creusot…Reine ce fut dans les panini de l’époque… les images relatant les exploits de l’aéropostale, des lignes Latécoère, Jean Mermoz, Henri Guillaumet et Antoine de Saint-Exupéry… vous savez « ce que j’ai accomplis aucune bête ne l’aurait fait… », la cordillère des Andes meurtrière, l’Europe en relation directe avec le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Venezuela, la Bolivie.
Rien de tel pour vous faire bouillir l’imagination que les récits de ces explorateurs précurseurs de l’aviation moderne… Faut dire que le terreau est fertile.
Reine est née en quelque sorte dans un cockpit. Son père, parachutiste émérite, sautait dans les manifestations aériennes locales. Sa mère, un cas tout de même… la seule femme au monde qui a décollé sans jamais atterrir. A un meeting de 1926 à Reims elle décide de sauter sous les sourires goguenards des hommes qui n’en croient mais… sauf que le lendemain elle décolle et saute. Comme elle n’est jamais ensuite remontée dans un avion, elle n’a jamais connu l’atterrissage.
Avec deux géniteurs pareils vous resteriez sur le plancher des vaches, vous ? Moi, oui sans doute… Elle non, elle a deux frères qui n’ont pas choisi la même voie…. La voie aérienne bien sûr.
Pour elle, Lacour s’écrit forcément avec deux ailes… c’est quand même chez les Lacour, Paul, le papa de Reine et Louis l’oncle que l’on fabriquait les fameux Jodels et le « Pou du ciel » de Monsieur Mignet.
A signaler que le « pou » (HM-14) du ciel existe toujours en version ULM.
L’original n’est plus construit de nos jours. Mais il arrive que des constructeurs amateurs reprennent la forme du fuselage en adjoignant des profils d’ailes plus performants (NACA 23012 et 23112, Mignet 34013) ou des ailes du Mignet HM-360.
Ce qui est conservé, c’est le nom de « Pou-du-ciel » qui est donné à tous les avions conçus sur le modèle de l’HM-14.
Mais trêve du Pediculus humanus avionus, nous parlions d’une grande dame, à qui il ne faut pas en chercher dans la tête.
Nous avons passé l’épisode parental, il faut maintenant attaquer dans le vif du sujet.
A 40 Km de Pouilloux existe un coin perdu, moins prestigieux que l’aérodrome du bassin minier, Saint Yan…mais bon soyons bon prince, s’y tenait la « grande école de pilotage »… Pour une fille des nuages, rêvant des sommets Andins, il n’y avait qu’un tour d’hélice pour aller y faire ses « universités » Icariennes… Elle le fit, et en sortit avec … le surnom de Pompon, mais aussi et surtout : « Le Brevet et la licence de Pilote Professionnelle », la qualification d’instructeur d’avion et une formation de voltige aérienne.
Pour vous situer l’exploit, ce sont les années 1950… pas hier, pas maintenant avec la fameuse parité… fallait une bonne paire de pompons pour s’accrocher…
Cette jeune femme, et ses photos de l’époque l’attestent avec vigueur, qui devait donner le vertige aux hommes, est devenue un as (on ne dit pas une asse) de la voltige tout en étant pilote de ligne, instructrice, championne et tout ce que vous voulez…
Elle sera membre de l’équipe de France de voltige aérienne, et des « baladins du ciel » et recevra la médaille de l’aéronautique.
Il y a des gens qui réussissent sur terre et d’autres en l’air… elle a réussi en l’air en ayant toujours les pieds sur terre.
Dans les années 60 elle a terminé sa carrière de monte en l’air, de voltigeuse, aux Championnats du monde de voltige de Moscou, les enfants… moi, je dis, respect…
Nous parlons là de sa carrière individuelle… mais cette elfe du manche à balai, cette fée de la boucle, du tonneau et du tonneau en virage, de la vrille et de la vrille dos, de l’immelmann, du demi huit cubain, du déclenché et du déclenché négatif, des virages dos ; de la chandelle, du Humpty-bump, de la remontée dos, du passage par l’avant, des cloches, du Torque Roll, des ruades, des soleils, et même si ce n’est pas une mathématicienne de combat, des fractions… fractions de tonneaux en montée, fractions par 1/4 ou 1/8 de tonneaux, fractions de tonneaux déclenchés effectués selon plusieurs attitudes ; donc ce lutin du palonnier a formé des pilotes qui ont eu des carrières exemplaires.
Nous n’en citons que quelques-uns (quelques-uns sur les plus de 200 pilotes formés.) en présentant par avance nos plus humbles excuses à ceux que nous aurions involontairement oubliés.
Brevetée à 17 ans, avant même d’avoir son permis de conduire une voiture, elle est très jeune instructrice qualifiée. Il se trouve qu’en 1954 (1954, encore une fois, fallait vraiment être « gonflée) l’aéroclub de Pouilloux éprouve une carence de formateurs. Le Week-end des instructeurs de Saint Yan suppléaient cette carence, ils ont appuyé la candidature de Reine Lacour…Un homme très éclairé a dit « banco »… Sans ce « oui » l’avenir de l’aéroclub et de l’aérodrome aurait été tout autre, il faut en être conscient… Quoiqu’il en soit, la Reine était rentrée dans la ruche et elle a produit le miel des pilotes et des instructeurs.
Juste la liste de sa gelée royale que nous développerons dans notre 4ème article : Henri Choroz (l’aventure à l’état pur), JC Parize (qui a terminé sa carrière Général d’aviation), Michel Didier (Pilote d’air France, instructeur de pilotes chinois et en chinois s’il vous plait, sur Airbus), Pierre Kundrat (pilote de ligne et d’affaire), etc… mais promis nous développerons plus la prochaine fois.
Précisons qu’il n’y a eu, jusqu’à présent, que 4 instructrices à l’aéroclub de Pouilloux sur une soixantaine d’instructeurs, et reine fut la première. Citons les autres : Maguy Lecoq, Inès Marinot épouse Marlin, Marie Françoise Ferrier.
Mais dès 1954 la seule fut Reine Lacour… Et elle a droit à notre admiration ébahie en cette période du 70ème anniversaire… et à toute autre période d’ailleurs.
Donc lorsque vous parlez de l’aéroclub de Pouilloux, un peu de respect les enfants, ce fut une « fabrique » exemplaire de pilotes dont certains ont connu des carrières… de haut vol. Et Pompon y est pour beaucoup…
Gilles Desnoix
Je sais, vous brulez d’en savoir plus… alors n’hésitez pas une seconde, allez absolument à cette adresse web, sous peine de bannissement à vie…: http://www.ina.fr/video/CPF04007421
Puis à ces adresses : http://patrimoine-memoire.aviation-civile.gouv.fr/flb/04-03_Les-ailes-de-Saint-Yan/files/assets/basic-html/page31.html
http://lesgpr.free.fr/volavoile/romanin/romanin60/archives-marius/archives-marius.htm
http://memoire.ciclic.fr/decouvrir/article/instantanes/fete-de-laviation-brunelles
Voir les premiers articles : http://montceau-news.com/montceau_et_sa_region/pouilloux/322525-le-week-end-des-9-et-10-juillet-2016-laeroclub-fete-ses-70-ans.html – http://montceau-news.com/montceau_et_sa_region/pouilloux/324282-70-ans-de-laeroclub-de-pouilloux.html